- KFC,
Les banques n'ont aucun problème à trouver des liquidités à court terme et n'ont jamais eu autant de liquidité qu'aujourd'hui ; en partie grâce aux révisions de Bâle III et au matelas de 2008. Elles en ont tellement à ne savoir qu'en foutre qu'en réalité elles te refilent des pourcentages pour montrer comment ça secoue par rapport à d'habitude ; et pas des chiffres parce que sinon on verra bien qu'en comparaison avec les liquidités disponibles en 2008 cela n'a rien à voir.
L'injection de liquidité enclenchée est tout à fait normal aussi ; les BC sont extrêmement frileuse a courir le moindre risque de liquidité comme sur le marché interbancaire en 2008. Cela ne veut pas dire que le risque est matérialisé, notamment parce que ça ne serait pas des variations de 20% que tu observerais mais une faillite de grosse banque par jour et un réachat en boucle par d'autres banques pour se sauver entre elles.
On est à des années lumières de ce scénario là, mais il faut faire peur à la ménagère de plus de 40 ans qu'ils ont mal voté et qu'ils vont détruire l'économie. L'autre excuse 1 c'est aussi que faut bien faire un peu de journalisme ; ce qui inclut parler de tout sans savoir de quoi on parle du moment que ça vend.
Pour compléter, non seulement la presse nous fait le coup tous les 6 mois du manque de liquidité et de la crise systémique qui s'en suivrait comme ici, mais surtout on donne des informations contradictoires avec ce qui se passe réellement.
En l'occurrence, le QE de la BCE injecte 60 milliards par mois, les TLTRO (prêts sur 4 ans à taux inférieur à 0.15%, souvent 0.05% donc gratuit) battent leur plein et abreuvent chaque trimestre les banques de milliards en liquidité (plus de 100 milliards en moyenne par trimestre). Et je passe sur toutes les autres cadeaux, nationaux notamment, fais aux banques.
En fait, cet excès de liquidité, il est mauvais parce qu'il transfert le risque dans les bilans des banques et que les directives sur l'agrégation des risques en vu d'une maîtrise (toujours Bales) ne peuvent pas en tenir compte puisque c'est caché au sein de la banque par définition. Du coup, on pourrait se réjouir d'une demande très forte des liquidités qui pourront assécher le trop plein de certaines banques. Sauf que le problème c'est que l'on va alors découvrir le comportement inappropriés de certaines banques et de leurs clients.
Cela colle d'autant mieux à la réalité que BNP a notamment été pointé du doigt par la Fed qui commentait en 2015 le plan de résolution (obligatoire aux US) de 2014: "lacunes spécifiques", "des assomptions irréalistes", "analyses inadéquates" et j'en passe ; le tout caché dans un excès de liquidité (pour ceux qui ne veulent pas se taper le rapport de la Fed', il y a un article de Bloomberg ici mais il n'explique pas le lien avec l'excès de liquidité).
L'autre signal qui induit en erreur, c'est que depuis la dernière révision de Bale III en 2013, il y a de nouveaux ratios qui ont fait leur apparition, notamment le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le NSFR (Net Stable Funding Ratio), respectivement pour le court terme et le long terme (1 an). Le LCR est assez sévère avec 60% (de ratio encours HQLA sur sorties nettes de trésorerie sur 30 jours) en 2015, 70% en 2016 pour atteindre 100% en 2019.
Donc si ces indicateurs tombent dans le rouge c'est signe qu'ils fonctionnent. C'est d'autant plus réjouissant qu'ils tombent dans le rouge avec une situation objective et réelle qui est meilleure que celle de 2008 concernant le risque de liquidité. Autrement dit, la surveillance mondiale sur le risque de liquidité s'améliore grandement. Il faut aussi relativiser le rouge du LCR parce que comme il est actuellement mis en place graduellement, il requiert des efforts qui ne sont pas forcément compatibles avec un secousse comme celle-ci.
Dernière chose, en cas de secousse, Bale prévoit que les banques puissent puiser dans les encours HQLA, autrement dit mettre le LCR dans le rouge ; car son maintien serait "excessivement négatif" selon Bâle.
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Les excuses c'est comme les dessous de bras. Tout le monde en a au moins deux, et souvent ça pue. ↩