Une alternative plus "légère" n'est pas envisageable ? En augmentant le pouvoir de la PSDC, remplaçant ainsi l'OTAN presque dans toute l'Union ?
Les Brits bloquaient toute tentative. Après, l'idée de base est de faire coexister l'OTAN et la PSDC ("Europe de la défense", coopération dans le développement de l'armement, extension du budget de l'Agence européenne de défense (que les Brits ont refusé), etc.). Une Europe de la défense peut très bien exister avec l'OTAN. Ce n'est pas l'un ou l'autre mais l'un et l'autre. Seulement, si la plupart des pays européens étaient pour, les Britanniques bloquaient tout processus de centralisation de nos moyens et pas qu'en matière de défense d'ailleurs. Aussi au niveau police, renseignement et sécurité.
De même que dans d'autres domaines, comme le social (où, faut-il le rappeler, ils ont bloqué un projet de lutte anti-dumping au niveau européen alors qu'il y avait l'unanimité de tous… sauf eux.). C'est triste pour les britanniques, mais leur gouvernement n'est jamais entré dans l'UE avec l'idée de participer activement à sa fondation ou à son renforcement.
Alors oui, tout ne va pas bien et il faut clairement réformer l'UE mais dans de nombreux domaines où on était tous plus ou moins d'accord, le RU bloquait tout le processus. Je ne peux honnêtement pas dire, étant quelqu'un qui suit très activement ce qui se passe au niveau européen, que le gouvernement britannique me manquera… Par contre, il avait souvent le don de poser les bonnes questions - celles qui fâchent - dans les débats, il ne faudra pas perdre cela.
Nota bene : j'ai beau être assez critique sur le rôle du Royaume-Uni au niveau de tout ce qui est social, sécurité et défense à l'échelle européenne, il ne faut pas pour autant minimiser le rôle de contre-poids que le Royaume-Uni tenait et qui a souvent été assez salutaire.
Btw, un article intéressant. Un eurosceptique qui devient pro-européen, c'pas tous les jours. Surtout quand on est britannique.
(BRUXELLES2) Lord Jonathan Hill, le Britannique de la Commission européenne, vient d’annoncer sa démission. Un contre-coup du référendum négatif comme le commissaire européen chargé des marchés financiers l’explique lui-même (*).
« Comme beaucoup de gens, ici et au Royaume-Uni, je suis évidemment très déçu par le résultat du référendum. J’aurai voulu que cela se termine différemment et j’avais espéré que la Grande-Bretagne voudrait jouer un rôle en plaidant pour une Europe, flexible, compétitive, de libre-échange, et tournée vers l’extérieur. Mais les Britanniques ont pris une décision différente et c’est ainsi que fonctionne la démocratie. »
Une décision prise il y a quelques semaines
« Nous entrons dans une nouvelle phase. Je ne crois pas qu’il soit juste de continuer comme commissaire britannique comme si rien ne s’était passé. J’en ai discuté avec le Président de la Commission il y a quelques semaines, je lui ai donc dit que j’allais démissionner. Dans le même temps, il doit y avoir une passation des pouvoirs de façon ordonnée. Aussi je lui ai (proposé) de continuer travailler avec lui dans les semaines à venir. (…)
Un eurosceptique converti
Et le commissaire d’avouer qu’il n’était pas (au départ) un enthousiaste de l’Europe mais qu’il l’est devenu. « Je suis venu à Bruxelles comme quelqu’un qui avait fait campagne contre l’adoption de la Grande-Bretagne de l’euro et qui était sceptique sur l’Europe. Je vais laisser certain que, en dépit de ses frustrations, notre participation était bien pour notre place dans le monde et bien pour notre économie. »
Une nouvelle relation avec l’Europe à définir
Ce qui est fait ne peut être défait et nous devons maintenant passer à faire de notre nouvelle relation avec l’Europe qui fonctionne aussi bien que possible.
NB : texte original en anglais ici, ou ci-dessous (traduction par les soins de B2
Commentaire : un geste élégant et responsable
C’est la première conséquence au plan européen du Brexit, mais peut-être pas la dernière. En tout cas, on peut saluer le geste élégant de Lord Hill. Jusqu’à présent, au niveau européen, quels que soient les évènements politiques, peu de dirigeants européens ont su et voulu assumer les conséquences de leurs décisions politiques ou de leurs actes.
Une conséquence à tirer des dernières réformes entreprises
Si les dirigeants politiques européens (président du Conseil européen et président de la Commission européenne) vont jusqu’au bout de la réforme introduite par le Traité de Lisbonne, et des élections de 2014 avec les têtes de liste, et de leur engagement profond dans la campagne contre le Brexit, c’est la conséquence qu’ils devraient tirer. Il est difficile de prétendre, d’un côté, avoir une légitimité populaire et démocratique (ce qui est la réalité via les instances élues – Parlement européen et Conseil de l’UE) et, de l’autre, ne pas en tirer les conséquences en cas de revers politique grave.
La campagne sur le Brexit n’est pas qu’un revers britannique
Là, il s’agit d’un revers politique grave pour l’Europe et pas uniquement pour le Royaume-uni. On ne peut accuser les Britanniques seuls. Certes c’est David Cameron, tout seul, qui a déclenché ce référendum, sans aucune obligation. Mais le résultat est clair. Avec une aussi forte participation dans les urnes, c’est une défaite aussi pour l’Europe qui n’a pas su démontrer son intérêt pour un peuple et un Etat important. Tout autre comportement ne pourrait qu’entraîner un désenchantement supplémentaire et une perte de popularité de l’esprit européen.
Un dirigeant européen doit être responsable devant ses électeurs
Cette « irresponsabilité » au plan politique des dirigeants européens ne peut plus durer. Comme au niveau national, quand un dirigeant s’engage et défend une politique précise, qu’il estime vitale et intrinsèquement liée à son profil politique, et qu’il est défait, directement ou indirectement, par le suffrage populaire, il devrait en tirer une conséquence : remettre son mandat à disposition (du Conseil et du Parlement européen qui l’a consacré) quitte à être reconfirmé ensuite si celui-ci estime que cette « démission politique » n’a pas lieu d’être. Si on veut refonder l’Europe, il faut en refonder aussi son fonctionnement politique.
(Le texte de Jonathan Hill)
Like many people here and in the UK, I am obviously very disappointed about the result of the referendum. I wanted it to end differently and had hoped that Britain would want to play a role in arguing for an outward-looking, flexible, competitive, free trade Europe. But the British people took a different decision, and that is the way that democracy works.
As we move to a new phase, I don’t believe it is right that I should carry on as the British Commissioner as though nothing had happened. In line with what I discussed with the President of the Commission some weeks ago, I have therefore told him that I shall stand down. At the same time, there needs to be an orderly handover, so I have said that I will work with him to make sure that happens in the weeks ahead.
I am very grateful to Jean-Claude Juncker for giving me the chance to work on financial services and for the opportunity to help support jobs and growth in Europe. I was also glad to have worked with other Commissioners in trying to take forward our programme of reform, and to have had the chance to work with excellent officials at DG FISMA and in my own team.
I came to Brussels as someone who had campaigned against Britain joining the euro and who was sceptical about Europe. I will leave it
certain that, despite its frustrations, our membership was good for our place in the world and good for our economy. But what is done cannot be undone and now we have to get on with making our new relationship with Europe work as well as possible.