Pas les politiciens, les entreprises. Mais pas pour la raison que tu crois. La plupart des entreprises n'a pas besoin de personnes très diplômées : de nombreux ingénieurs ou diplômés de Master se plaignent du fait que le travail qu'ils occupent après avoir été recrutés sur un poste de niveau BAC+5 est largement en deçà de leurs compétences.
Mais ca cela vient de l'organisation du travail, et d'ailleurs, au sein d'une meme entreprise mais dans deux pays differents on peut voir des comportements tres differents (que tu soulignes par le fait qu'en France le diplome compte beaucoup).
Mais le discours des entreprises est assez schizophrenique globalement puisque d'un cote durant toute ma scolarite j'ai vu des societes venir initier les etudiants a des logiciels particuliers, souvent hors de prix mais gratuits pour les etudiants et universites, pour la simple et bonne raison qu'ils veulent des gens formes pour ces besoins tres specifiques (notons que j'ai vu les logiciels changer 3 fois entre temps :D). En plus de cela, le salarie est une resource assignee a un champs tres delimitee, dont on n'utilisera pas tellement le plein potentiel. Et de l'autre cote, il faut des gens qui s'adapdent a toute situation, sont autonomes, creatifs, etc.
C'est cet ecart entre ces deux attentes, couplee a la haute education d'un paquet de candidats, qui cree certainement cette situation de malaise une fois arrivee dans une grosse entreprise.
Pour donner un exemple de difference de traitement du diplome et / ou des attentes envers les salaries d'une meme entreprise mais dans deux pays differents. La ou je travaille, sur des postes ou en France on demanderait au moins un Bac+5 ou +8 dans le domaine cible (Math, IA, CS), ici j'ai des gens avec des diplomes dans des domaines qui n'ont rien a voir et sans experience dans le domaine (Master en genie civil, doctorat en Linguistique). D'une part ils font un aussi bon boulot que les autres parce qu'ils ont bien ete formee par l'ecole, c'est a dire qu'ils ont 'appris a apprendre', et d'autres part, on leur fout la paix tout en les implicants.
A contrario, en France, dans la meme boite, il y a un poids de la hierarchie et une decoupe du travail bien plus importante, aucune flexibilite sur les horaires ou dans l'organisation du travail (en tout cas a l'avantage du salarie). Il manque un seul truc: la redistribution de la valeur ajoutee.
Non, la raison est que les entreprises doivent sélectionner leurs futurs employés parmi un nombre délirant de candidats et que choisir le plus diplômé est encore la meilleure solution en France, royaume de la méritocratie républicaine. En réaction, les étudiants se mettent à faire de longues études pour augmenter leurs chances d'être embauchés et la boucle est bouclée.
C'est certain. Pourquoi dans la meme societe mais dans un autre pays, les conditions de travails et les avantages a l'egard du salarie sont si differentes? Parce que la ou je vis il y a plus de jobs que de candidats. Et cela n'a rien a voir avec le niveau de qualification moyen du candidat (la proportion des detenteurs de master est globalement la meme, avec meme une part plus grande de masters qui ne donnent pas acces a un boulot en relation directe avec le sujet du master, genre sociologie, sciences politiques).
Bref, on en est à gérer une pénurie d'emploi […]
Tout a fait d'accord sur le diagnostic, et j'en fais l'experience tous les jours. Maintenant, il faut se demander pourquoi est-ce que cela se passe bien en Pologne et pas dans les pays a l'Ouest voire aux USA (la ou l'on recupere de plus en plus de contrats et 90% des investissements europeens dans ma boite, les USA virent 1/3 de leurs effectifs, probablement meme sort en France et Allemagne bientot) ?
Parce que a qualification egale, travail egal, tu payes un polonais un poil moins qu'un francais et que ce poil moins justifie une delocalisation complete des services de production ET des services intellectuels dorenavant (Dassault, Thales pour citer des gros groupes francais ont des centres de R&D travaillant sur des projets qui n'auraient JAMAIS vu le jour autrement qu'en France auparavant).
Mon analyse c'est simplement qu'a partir du moment ou l'on ouvre totalement le marche de l'emploi et des capitaux dans une zone non homogene socialement, environnementalement, economiquement, on cree ce genre d'appel d'air qui est catastrophique pour les uns (a moins que ces travailleurs se deplacent comme je l'ai fais, et acceptent d'etre moins bien paye pour le meme boulot), bien temporairement pour les autres (parce in fine cela va forcer les polonais a rester paye sous le niveau des francais: tant qu'en PPA c'est avantageux ils sont gagnant, apres ils s'en mordront les doigts).
Il y a des exemples qui me choquent. Par exemple, l'Union Europeenne a donne des sous a la Pologne pour la modernisation de son reseau de transport en commun. Obligation d'appel d'offre (sans vraiment savoir les regles pour en sortir vainqueur par ailleurs), c'est Bombardier qui a remporte le contrat. Canadien, alors qu'en Europe on sait tres bien faire des tramways. Autrement dit, on va prefere payer peut etre un peu moins cher pour avoir des tramways paye par l'Union Europeenne qui feront du boulot au Canada + payera des taxes la bas, plutot que de favoriser notre propre industrie, faire travailler nos citoyens, et recuperer des taxes qui servent par ailleurs a ce genre d'investissements publics.
Meme a un niveau de granularite plus faible: on sait tellement pas faire d'armes qu'il faut aller acheter celles des allemands ? On est tellement pauvre qu'on ne peut pas faire tourner nos industrie avec un petit surcout compense par l'activite economique generee localement ?
Et pour rebondir sur ce que dit KFC (avec un propos très différent, cependant), les institutions scolaires n'arrivent pas vraiment à s'adapter.
J'ai le meme discours, mais je parlais surtout du superieur ou la, si l'on veut travailler, il est possible de tres tres bien se former.
Quand a l'inertie du systeme, ce n'est pas propre au systeme scolaire mais a toute institution au sens large.