Ton problème c'est que tu laches des bousins un peu partout et après comme une fleur t'attends à ce qu'on passe 12 plombes à t'expliquer en quoi c'est n'importe quoi. Quand on te copie et colle quelques phrases des ouvrages de référence tu chouines comme quoi l'autre n'y connait rien. Et donc je préfère effectivement te balancer des liens pour que tu puisses t'instruire par toi même que perdre mon temps.
Le trader n'a pas pour fonction unique de faire de la spéculation.
Le spéculateur veut juste faire de l'argent en prenant un minimum de risque. Le risque zéro de couverture existe dans les modèles, mais pas en pratique, et il n'est pas possible de faire de l'argent sans prendre de risque (AOA) donc, oui, le spéculateur prend un risque et de fait il va y avoir un transfert de risque. Sauf que ce risque il le retransmet à terme à des agents qui font que de la couverture de risque et parfois en crééant encore plus de risque qu'il n'y en avait initialement. Le spéculateur est un intermédiaire temporel, parfois et même souvent sur très court terme.
Tu veux une différence entre une couverture de risque et de la spéculation ? Des mouvements de capitaux de plusieurs millions qui rentrent et sortent d'un pays en 10 minutes, c'est de la spéculation (et c'est pas une caricature du tout, ça arrive plusieurs fois par seconde). L'émission de titres avec acquéreur qui gardent leurs titres sur une période considérée comme moyen ou long terme, c'est de l'investissement en vue d'une couverture de risque.
Que les agent puissent tour à tour être spéculateur et intéressé par de la couverture pure, ou que certaines opérations puissent être litigieuse sur la classification couverture / spéculation ne vaut pas la peine de faire la généralité du "on ne peut pas faire les différences entre spéculation et couverture). De même, les agents ne sont pas l'un ou l'autre, ils ont une fonction investissement et couverture.
Au niveau plus technique, les indicateurs utilisés pour le risque ne sont pas tous les même. Normal, on n'accepte pas les même risques, on ne regarde pas les mêmes indicateurs et le même horizon moyen. Quand je me couvre contre la hausse du dollar, je le fais généralement sur moyen / long terme avec pour objectif de ne rien perdre. Lorsque je spécule, j'essaye de maximiser des gains et minimiser des pertes en estimant correctement les risques et les prix futurs. Mon intérêt n'est pas du tout la stabilité du dollar, ni de me prémunir du risque de variation du dollar, mon seul intérêt c'est de savoir comme il va varier pour le vendre à plus con que moi pour faire de la thune. Point barre.
Quand à ta remarque sur BMS et les travaux de Bachelier, on pourrait s'en passer pour la simple et bonne raison que je sais pertinamment que tu ne connais ni ne maîtrise ces outils, ce qui ne te donne donc aucune légitimité pour les critiquer et aussi pour comprendre le problème de performativité dont ils font l'objet. Mais t'inquiète, on est tous au courant de ça, mais le monde de la finance est aussi attardé que le monde de l'économie.
Il est en effet très dur d'arriver avec de nouveaux modèles et outils de quantification car si on est les seuls à les utiliser, ça ne marche pas, même s'ils sont meilleurs théoriquement. Comme il y a une concurrence féroce, l'information ne circule pas ou mal (rendant déjà une hypothèse du marché parfait caduque), et ralentissant la propagation des innovations des outils, sauf à ce que la propagation de ces outils soit intéressant pour celui qui les conçoit en premier lieu.
Par ailleurs, pour te dire à quel point le problème il ne vient pas des matheux mais bien des sociétés qui utilisent ces outils, on sait depuis les années 60 (bordel de cul de jatte !) que les rendements ne sont pas gaussiens en pratique. Mais dans la pratique le business bloque tout espèce d'intelligence.
Le second problème, hérité par cette inertie très lente, c'est le fait qu'on a des hypothèses qui sont vieillotes, notamment sur la rationalité des agents. Du coup, ça fonctionne bien dans les périodes normales mais très mal en période de crise, voire même pas du tout et ça empêche même de détecter les crises. Après chaque crise on donne de nouvelles directives, plus contraignantes, mais on ne prend jamais le problème en amont (peut-être parce que par reccurrence immédiate on arrêterai certains compartiments entier des marchés financiers ?)
Et le troisième problème c'est celui d'avoir une vision claire de l'ensemble des mécanismes financiers et économiques qui leur sont attachés. Non seulement il se crée de nouveaux produits tout le temps, ne permettant pas nécessairement d'établir des outils de couverture ad hoc à cause du temps, mais d'autre part, il y a une telle variété de métiers et d'activités, qu'au sein d'une même banque ou société de gestion il est impossible de trouver une personne qui ait une vue générale et détaillée de l'ensemble des activités et risques encourus de manière agrégés et les dépendances réciproques. C'est à mon sens le plus gros danger qu'on essaye de combler, bien plus que les outils mathématiques qui donnent non seulement des hypothèses claires, mais aussi satisfaction dans la grande majorité des situations.
Je ne suis pas sur qu'on puisse faire grand chose à l'inertie. C'est pas propre à la finance (même si le côté performatif est très propre à la finance) mais en général à l'entreprise. Du coup, même si ce n'est pas inutile de pondre de nouveaux outils et approches du risque (rien que l'intérêt mathématique suffit), je crois qu'il faut miser sur le troisième problème à savoir une capacité de transparence plus grande, d'autant que l'opacité n'est pas vraiment voulue. C'est d'ailleurs le sens de la phrase que tu cites à la fin et ce vers quoi les marchés financiers ET les acteurs économiques classiques s'orientent depuis quelques années (et ce que tu contestais farouchement dans un autre sujet sur la création monétaire me semble-t-il).