Bon, je précise maintenant que j'ai un peu lu (et analysé sommairement) l'article de Nature Geoscience. Pour ceux qui n'auraient pas l'habitude, sachez que c'est une revue assez sérieuse avec un comité de lecture plutôt regardant sur la qualité (comme toute la série des Nature, quoi).
Les auteurs y décrivent des analyse spectrales sur les recuring slope lineae (RSL, des lignes "plus sombres" apparaissant à intervalle régulier dans le cycle annuel de mars) observées a des endroits pentus de Mars. Grâce à l'emploi de la spectroscopie (infrarouge), et en comparant avec d'autre spectre obtenus en laboratoire, les auteurs en déduisent que ces RSL sont composées de perchlorates, plus particulièrement de sodium et de magnésium, qui sont ce qu'on appelle dans le langage courant des sels.
De plusieurs choses l'unes. Tout d'abord ces composés sont connu pour abaisser la température de fusion de l'eau. C'est quelque chose d'assez évident, et il vous suffira de mettre un verre d'eau (très) salée au réfrigérateur pour vous en convaincre. Dès lors, même si il fait froid sur Mars, il est plausible que de l'eau saturée en ces sels soit liquide sous certaines conditions (les auteurs expliquent que durant l'été martien, la température varie entre -25° et 25°, à l'équateur). D'autre part, ces composés sont eux même hydratés. Ça veut dire qu'avec une molécule de ces sels, sont "liés" plusieurs molécules d'eau. La liaison n'est pas si forte que ça en terme chimique, et il est donc possible d'obtenir de l'eau en chauffant le composé.
Il est donc probable que de l'eau très très salée soit présente sous forme liquide, même si elle n'as jamais été observée "en live". Si de tels sels minéraux sont déposés à intervalle régulier dans ces RSL, il se pourraient qu'il soit issues de "coulées" d'eau salée qui s'évaporerait au fur et à mesure. Cette affirmation est corroborée par des données spectrales indiquant une possible évaporation. D'autre données issues de missions précédentes (par exemple la mission Viking) sont en accord avec cette composition, même si elles ont du être ré-interprétées pour l'occasion.
Ceci étant dit, les auteurs ne s'avancent pas aujourd'hui ni sur la source de cette eau (indiquant quand même que c'est probablement pas une calote glacière qui fondrait à intervalle régulier, pas à l'équateur, même si il y en a aux pôles), ni, et plus important encore, sur la possibilité de vie sous ces conditions (même si il existe sur terre des exemples d'êtres vivants vivant dans des conditions assez extrêmes). Comprenez bien que la vie dans ces conditions, en particulier sans atmosphère, ça tient plutôt du défi (mais qui sais ? )
Tout ceci provient d'observations réalisées à partir de la terre. Ce qui rend l'interprétation très difficile (je vous raconte pas le bruit monstrueux sur les spectres originaux) et demande bien entendu confirmation. Même si il s'agit d'une avancée scientifique majeure, tout reste à confirmer. Et je meure d'envie de parier que la NASA va en profiter pour demander une mission d'exploration sur le sujet
Voilà voilà