J’ai du mal avec cette notion du coming-out. Un seul, comme s’il y avait un avant et un après ?
Entre la famille proche et éloignée, les collègues, les amis (souvent plusieurs groupes qui ne se connaissent pas), on peut informer les uns sans informer les autres.
Et il y a aussi cette binarité : en parler ou le taire. On peut très bien ne pas en parler spontanément (ne pas lancer le sujet), et en parler si la question se pose, si le sujet de la discussion est là-dessus.
Ensuite, il y a la question du pourquoi. Il y a différentes raisons d’en parler, de ne pas en parler ou de le taire, et le vrai problème me semble être de le faire pour de mauvaises raisons.
Ça peut être un choix politique, une manière de tester ses amis, mais aussi une pression sociale (je pense aussi bien aux milieux militants qu’à la famille, mais pas dans le me sens). À vous de voir ce que vous pensez être une bonne ou une mauvaise raison.
Je ne suis pas, personnellement, concerné par cette question. Par contre, je suis concerné par une question qui me semble très proche : dois-je parler ou non du fait que j’ai eu un cancer. Le taire, c’est laisser les gens penser que le cancer ne peut que tuer, ou lasser de graves séquelles (donc je peux parler pour des raisons politiques). Le dire, c’est risquer une discrimination (c’est pourquoi je n’en parle au boulot qu’au cas par cas). J’ai fait le choix d’en parler à un groupe d’amis de confiance, parce que c’était circonstanciellement favorable, ainsi qu’à certains collègues. J’ai d’autres amis pas au courant, parce que l’occasion ne s’est jamais présentée. Et surtout, j’en ai parlé ici, où le relatif anonymat me permet de dire publiquement des choses que je ne dirai pas sinon. Ça m’impose une séparation pas toujours facile entre internet et vie réel, ce qui peut poser problèmes, par exemple quand je mets « vulgarisation scientifique » sur mon CV.
Bref, j’espère avoir pu donner un autre éclairage, même si la question qui me concerne est un peu différente, notamment par le fait que c’est chez moi quelque chose de passé, qui ne me touche pas au jour le jour. Les conséquences du fait d’en parler, elles, me semblent tristement proches.