Si un jour vous tombiez nez à nez avec un serpent, il peut vous être utile d’en savoir le plus possible sur la façon dont il faut réagir et les techniques de protection élémentaires. C’est ce que je tenterai de vous expliquer dans ce tutoriel.
À qui s’adresse ce tutoriel ?
Ce contenu s’adresse à toute personne susceptible de se trouver en présence de serpents (éleveur, voyageur, campagnard, etc.).
Ce qui se passe lors de la morsure
Lors d’une morsure de serpent, une plaie plus ou moins profonde est occasionnée. Il peut également y avoir envenimation selon l’espèce. Heureusement, seules quelques familles sont venimeuses (mais celles-ci sont localisées partout dans le monde, excepté l’Antarctique, le Groenland, l’Islande, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande). La plupart sont constricteurs : ils provoquent un arrêt cardiaque en s’enroulant autour de leur proie et en bouchant leurs artères. Contrairement à la croyance populaire, ils n’étouffent pas leur proie (même si cela arrive dans certains cas, mais ce n’est pas le but premier) ni ne broient ses os.
Les serpents mordent soit pour manger, soit pour se défendre. Généralement, ils mordent les humains pour se défendre (sauf dans de rares cas où ils nous prennent pour une proie).
Les morsures non venimeuses
S’il y a morsure par une espèce non venimeuse (dite également aglyphe), le serpent plante ses dents dans la chair et commence à exercer une constriction plus ou moins forte autour de l’animal/membre mordu. Cette constriction cause alors un arrêt cardiaque, et donc une mort assez rapide. Ce sont généralement les morsures les moins dangereuses pour les grands animaux (dont l’homme). Cependant, la blessure risque de s’infecter et/ou de provoquer des séquelles graves voire l’amputation, même si la vie n’est pas en danger. Les principaux représentants sont les Boidés, la majorité des Colubridés et les Typhlopidés.
Les morsures venimeuses
Lors d’une morsure par une espèce venimeuse, il n’y a pas de constriction, vu que le serpent peut inoculer du venin à sa proie. Cependant, sachez que ce n’est pas toujours le cas, car n’importe quel serpent venimeux peut ne pas en utiliser selon son bon vouloir : on appelle cela une morsure sèche. Mais revenons à nos moutons (nos serpents plutôt ). Les effets du venin sont alors divers, car ils dépendent de l’espèce et donc de la composition du venin. Chaque genre, voire espèce, a une « recette » propre à lui. Cependant, on a pu les découper en 3 familles principales :
Les venins hémotoxiques
Le venin hémotoxique va cibler la circulation du sang vers les tissus. Il va soit provoquer la coagulation du sang et la formation de thrombus (caillots), ou au contraire avoir des propriétés anticoagulantes et provoquer de violentes hémorragies, internes ou au niveau des muqueuses (gencives, nez, etc.). Il est généralement allié avec un autre type de venin (hémotoxique+cytotoxique chez les Vipéridés par exemple).
Les venins cytotoxiques
Le venin cytotoxique a un effet nécrosant : il tue les cellules situées à la périphérie de la zone mordue. Cela peut mener à la putréfaction des tissus puis à des séquelles graves/l’amputation si les bons soins ne sont pas appliqués, ce qui fait de lui l’un des venins les plus dangereux.
Les venins neurotoxiques
Le venin neurotoxique s’attaque au cerveau et perturbe la transmission de l’influx nerveux entre les nerfs, ce qui cause une paralysie temporaire des muscles et des poumons. C’est à la fois le venin tuant le plus rapidement et le plus simple à contrer, vu que la paralysie ne dure pas indéfiniment et n’entraîne généralement pas de séquelles. Ils touchent le genre des Élapidés (mambas, najas/cobras, etc.). Il est également associé à d’autres toxines (cardiotoxines par exemple).
Autres symptômes
On peut également observer une douleur augmentant au fur et à mesure, un œdème local/extensif, une hypotension, fièvre, nausées, vomissements, diarrhées, douleur abdominale, transpiration, tremblements, maux de tête, étourdissement, cloques, problèmes rénaux, tachycardie, vasoconstriction, hyper salivation, bradycardie, arythmie, arrêt cardiaque, collapsus, anémie, ptosis, melena, pétéchies, coma.
Quelques photos de morsures (attention, âmes sensibles s’abstenir) :
Petite précision sur la prochaine image, elle montre une nécrose très grave (et donc très rare) sur une jambe, en réalité les nécroses sont relativement petites et inoffensives si les bons soins sont appliqués. ATTENTION IMAGE CHOQUANTE
Selon le genre de venin, ce dernier va se déplacer dans le sang et cibler certains organes. Il causera la mort de la proie et va littéralement la pré-digérer pour le serpent.
Les types de serpents venimeux
Il existe différent type de serpents venimeux, les voici :
- Les serpents opistoglyphes : ces derniers ont des crochets situés au fond de la gueule, ce qui fait qu’il est rare de se faire envenimer à cause de ce genre de serpent,et même en cas d’envenimation cette dernière est souvent bénigne.
- Les serpents protéroglyphes : ce sont des serpents à un seul crochet qui est situé à l’avant de la maxillaire (mâchoire supérieure) à la position fixe, par opposition aux solénoglyphes. Les élapidés en font partie.
- Les serpents solénoglyphes : contrairement à leurs cousins les protéroglyphes, ces serpents possèdent de longs crochets très mobiles, se repliant à la fermeture de leur mâchoire.
Voici ce qui se passe lorsqu’un serpent mord sa proie. Maintenant que vous en savez un peu plus, nous pouvons entrer dans le vif du sujet : comment se protéger contre une morsure de serpent.
Mieux vaut prévenir que guérir
Quelle est la meilleure défense contre les morsures de serpents, si ce n’est ne pas se faire mordre ? Voici la marche à suivre pour diminuer au maximum le risque de blessures :
- Lutter contre les proies potentielles : certains serpents sont attirés en zone urbaine à cause des rats et des souris côtoyant l’homme. Les exterminer permet de diminuer le risque de tomber nez à nez avec un spécimen.
- Connaître les espèces de sa région, leur aire de répartition et savoir les identifier : cela permet d’éviter les mauvaises surprises, et de ne pas paniquer s’ils sont rencontrés. Identifier le serpent est également utile en cas de morsure.
- N’approchez pas de tout ce qui pourrait cacher un serpent sans vérification : ne mettez pas vos mains n’importe où, et vérifiez où vous mettez les pieds. Il ne faut surtout pas l’écraser par mégarde.
- Ne pas bouger/faire de bruit : si malgré vos précautions vous faites une mauvaise rencontre, ne pas bouger ni faire de bruit est la meilleure solution. Crier et attaquer le serpent est la pire chose à faire. En effet, ce dernier va tenter de se défendre lui et son territoire. S’il ne s’enfuit pas, tentez de vous éclipser doucement.
- Faites attention aux serpents morts : certains peuvent feindre la mort en cas de danger, et même s’ils le sont vraiment ils conservent leurs réflexes même la tête coupée pendant quelques heures.
En suivant ces conseils, les chances (ou plutôt malchances) d’être mordus sont minimes.
Le traitement d’une morsure
Si toutefois par malheur vous vous êtes fait mordre, identifiez le serpent si possible, faites vous administrer les premiers secours et conduire à la clinique la plus proche en urgence si votre état empire. Détaillons un peu plus la procédure en cas de blessure.
Le cas d’une morsure non venimeuse
Si vous vous êtes fait mordre par une espèce non venimeuse, pas de panique : il faut d’abord détacher le serpent. Ce dernier vous enserrera de plus en plus, et vous fera encore plus mal si vous chercher à l’enlever vous-même. Pour le retirer, placer sa tête sous de l’eau froide est une bonne solution. Vous pouvez également placer un objet au goût désagréable entre sa bouche et le membre mordu (alcool, etc.). Au pire des cas, attendez qu’il se détache seul si la douleur est supportable. Désinfectez la plaie régulièrement pour éviter l’infection puis posez un bandage stérile.
Le cas d’une morsure venimeuse
Avant de commencer, sachez que la gravité de la morsure dépend de nombreux facteurs : espèce (d’où l’utilité de l’identification), quantité de venin injectée, âge du serpent (les juvéniles ont un venin plus puissant que les adultes), sa température et sa taille, la condition physique de la victime, son âge, sexe, la zone mordue, etc. Il n’existe donc pas de règle absolue et le traitement dépendra de vous et du type de serpent (et de votre chance aussi ^^). Cependant, voici une conduite à tenir en général :
- Calmez-vous : Le stress accroît la circulation sanguine et donc la dispersion du venin dans l’organisme et/ou l’éventuelle hémorragie, et ne permet pas d’avoir un bon jugement de la situation.
- Appelez les secours : Appelez le SAMU ou l’hôpital le plus proche pour une prise en charge rapide et l’administration d’un sérum antivenimeux.
- Ne donnez pas de stimulants (alcool, cigarette, café) : ces derniers augmentent le rythme cardiaque et ainsi la propagation du venin de l’hémorragie.
- Retirez tout ce qui pourrait faire office de garrot (montre, bague, etc.) : cela ne ferait qu’aggraver la morsure.
- Ne bougez pas.
- N’incisez pas la zone mordue.
Sachez également que la détention de sérums antivenimeux par des particuliers est interdite. Oui c’est bête mais c’est comme ça.
Vous voilà maintenant prêts à traiter une morsure de serpent, qu’elle soit venimeuse ou non (ce que je ne vous souhaite pas). Voici un résumé de ce que vous avez appris dans ce tutoriel :
Il existe deux types de serpents, classés selon leur mode de prédation :
- Les constricteurs
- Les venimeux
Les morsures de serpents constricteurs sont souvent peu graves, car ils s’enroulent autour d’un membre et entament une constriction pour provoquer un arrêt cardiaque à leur proie. Le risque augment alors selon la taille de l’animal.
Les serpents venimeux sont encore classés en trois parties selon leur dentition :
- Les opistoglyphes (dents au fond de la mâchoire) tels les Heterodon, Boiga, etc.
- Les protéroglyphes (dents fixes) comme les Naja (cobra), Dendroaspis (mamba)…
- Les solénoglyphes (dents mobiles) dont font partie les Vipéridés.
Pour éviter une morsure, il faut toujours vérifier les endroits avant d’y pénétrer, comme le sol, les espaces entre les roches, le sable, etc. se renseigner sur les espèces présentes dans le milieu géographique, leurs cachettes favorites, leur toxicité… ainsi qu’éviter la manipulation dans la nature, même de sujets apparemment morts.
Si toutefois vous êtes mordus, désinfectez la plaie ou lavez-vous abondamment à l’eau (ou à un autre liquide, même l’urine fait l’affaire) si le serpent a craché, tentez l’identification de l’espèce (au moins le genre), et en cas de doute/complications, appelez systématiquement un hôpital ou tout établissement pouvant procurer un soutien médical.
J’espère vraiment que vous avez aimé ce contenu et qu’il vous a été utile. Au revoir !