c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a tant de scientifiques qui sont croyant dans la vie privée.
Ce qui n’est pourtant pas une attitude scientifique, sauf a limiter sa croyance à la simple existence de Dieu. J’ai toujours eu du mal à comprendre comme un "vrai" scientifique pouvait être croyant et pratiquant de façon sincère, ce n’est pas logiquement compatible.
La science (moderne) repose sur l’idée de réfutabilité de Pooper : une théorie est scientifique à partir du moment ou elle est réfutable. Elle repose aussi sur le rasoir d’Okam : on cherche les causes minimales nécessaires à produire les effets observés.
A partir de ces deux points de départ, c’est impossible d’adhérer à un monothéisme ou autre religion. Sauf à avoir une double personnalité : parfois j’adopte la démarche scientifique pour comprendre le monde, et parfois la démarche religieuse. Les zones de frontières possibles sont très très minces.
Prenons l’exemple de la résurrection du Christ : Pour commencer cette théorie n’est pas vraiment réfutable. De plus, elle va à l’encontre de tout ce que la science nous enseigne et de tout précédent connu. A l’inverse on dispose de beaucoup d’idées crédibles pour expliquer des témoignages allant dans ce sens : coma, déformation des récits, fonctionnement des souvenirs induits, etc. On sait aussi qu’une croyance largement répandue n’en est pas pour autant vraie : il suffit de voir la Grèce antique ou les dieux Égyptiens. Leur culte à été vaste à un moment donné mais plus personne de nos jours ne viendrait affirmer que le soleil est tiré par un char ou que les dieux font tomber la pluie. Du moins pas au sens propre.
Bref, entre la théorie "Dieu existe et a ressuscité Jésus" et "C’est un truc humain amplifié/déformé" je crois que le choix d’une personne rationnelle est très vite fait. Sans compter que si tu étais né un peu plus au sud, on t’enseignerai que Mahomet est l’envoyé de Dieu et qu’il lui a dicter le coran, ou encore que les étoiles filante sont la manifestation de Allah qui foudroie des Jhins. Un peu plus à l’est, le discours serait encore différent.
L’homme à besoin de réponses, il va toujours préférer une réponse simple et cohérente à "je ne sais pas". Surtout si la réponse semble hors d’atteinte, comme "qui à créer l’univers" ou "qu’est ce qu’il a après la mort".
La seule entorse qu’on peut tolérer (et on n’est pas très puriste alors) c’est les questions à priori indécidables par la science. Par exemple on peut croire que Dieu à créer l’univers et toujours étudier ce dernier avec la démarche scientifique. On pourra toujours répondre "Dieu" à la question "qui à créer l’univers". On peut repousser cette limite comme on le fait depuis pas mal de temps mais elle sera toujours là. De Dieu qui à créer la terre on passe de Dieu qui à crée l’univers au big bang et aux nouvelles théories qui visent à l’expliquer. Mais il y aura toujours un moment plus ou moins lointain où on pourra poser "Dieu" comme réponse.
Je trouve cela "acceptable" car même si c’est pas scientifique (le scientifique pur poserait la proposition réfutable "Dieu n’existe pas") cela n’a en pratique aucune conséquence sur la pratique de la science. C’est un peu comme la différence entre un événement presque impossible et impossible en maths. A moins d’être un puriste, on peut bien se contenter d’un événement presque impossible.
Pour moi la question plus intéressante n’est pas de savoir si Dieu est compatible avec la science, la réponse est clairement non au sens stricte. La question est de savoir si un être humain peut à la fois adopter une démarche scientifique et religieuse.
Et là la réponse est clairement oui. Mais les deux ne sont pas compatibles et ne doivent pas se mélanger. Quand on explique le monde avec une vision religieuse on abandonne la démarche scientifique. C’est une sorte du dualité : selon le moment on adopte un vision ou une autre. A titre personnel c’est quelque chose que je trouve très étrange et je me suis toujours demandé pourquoi aussi peu de gens sont capables d’adopter une démarche rationnelle tout le temps, et pas uniquement de temps en temps dans les portes de leur laboratoire.
Cela me fait penser a Kepler, qui d’un coté nous sort les lois qui portent son nom, mais de l’autre part dans des délires du genre "les planètes montrent tantôt une face amie et tantôt une face ennemie au soleil (qui a sa propre personnalité" ce qui les maintient à distance". Le mélange entre la science et l’ésotérisme restera présent longtemps jusqu’à ce que la démarche scientifique s’impose comme une discipline autonome et obéissant à des règles précises.
Ta question touche à la nature humaine, et sa capacité a être un jour scientifique, croyant le lendemain. Paradoxalement, alors qu’on estime souvent que la capacité qui diffère les humains des annimaux serait notre pensée supérieure et logique, à mes yeux ce qui caractérise l’être humain standard c’est bien son incapacité à raisonner correctement et à avoir des positions totalement aléatoire sur la majorité des sujets où il est amené à se prononcer. Voltaire disais à propos de Kepler qu’il ne faut pas être surpris de voir dans un même homme un génie du calcul et un rêveur impénitent dès qu’il a fini de calculer.