Qu'appelles-tu "une présentation moderne et opérationnelle de la mécanique" ? Je pense que cela dépend du but qu'on donne au tuto : approche qualitative (tout en présentant l'aspect mathématique) ou alors approche plus technique (ayant pour but de pouvoir résoudre des exercices plus scolaires).
Personellement, je serais plus dans la première approche.
Je suis d'accord sur le fait que la question principale est de savoir : que veut-on transmettre ? Une culture scientifique associée à une démarche qualitative rigoureuse, ou un savoir-faire technique ?
Idéalement, il faudrait transmettre les deux ; mais il ne faut pas se leurrer, on ne peut pas faire passer des millions de choses dans un tuto dit d'introduction.
Pour un tuto qualitatif, comme je l'ai déjà dit le tien fait bien le taf. Simplement, tu parlais de proposer une formation à la mathématisation de la mécanique il me semble, et c'est là que je verrais une approche plus orientée efficace. Donc une approche moderne et opérationnelle, c'est une approche qui passe immédiatement par les notions de cinématique efficaces et qui exploite à plein le rôle de l'équation différentielle, sans avoir peur des forces compliquées, quitte à s'appuyer souvent sur des résolutions numériques.
Ce serait intéressant d'en discuter. Comment verriez-vous un cours d'introduction à la mécanique ?
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Introduction Qu'est-ce que la mécanique, quel est son objet d'étude. Séparation des grandes catégories de grandeurs : cinématique, dynamique, énergétique. Explication de la méca du point, des systèmes, du solide, des milieux continus. On situe alors le périmètre du cours dans cet ensemble.
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Première approche de cinématique Notion de référentiel, de repère. Vecteur position, vitesse, accélération. Projections en coordonnées cartésiennes, application à la description d'un mouvement rectiligne. Projection en coordonnées cylindriques, application à la description d'un mouvement circulaire.
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Lois de Newton Référentiels galiléens. Quantité de mouvement, 1ere loi de Newton. Notion de force. 2e loi de Newton, les forces sont donc les entités qui permettent de modifier la quantité de mouvement. 3e loi de Newton. On montre alors que la quantité de mouvement d'un système de deux points se conserve : les forces ne sont en fait qu'un mode d'échange de l'impulsion, qui se conserve donc bien au final. Explication de la démarche d'utilisation générale : on fait des expériences pour trouver un modèle des forces, et on en déduit le mouvement à travers une équation différentielle.
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Exemples de mouvements On traite théoriquement et on compare à des vidéos / relevés expérimentaux quelques problèmes : chute sans frottements, avec frottements (résolution numérique), oscillations d'un glaçon dans un verre d'eau, pendule simple (vidéo de balançoire sans personne dessus), satellite en orbite circulaire.
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Introduction à l'énergétique Là j'ai vraiment pas de bonne idée pour introduire le sujet de façon fun (mon propre cours de prépa est assez "TGCM" au début, il ne fait sens qu'à la fin). L'idée est d'arriver à la conservation de l'énergie mécanique et à la notion de profil de potentiel. Une application de la conservation (par exemple définition de l'électron-volt ou vitesse en fin de chute sans frottements). On peut aussi expliquer les petites oscillations autour d'une position d'équilibre stable.
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Notions avancées On parle en vrac sans développer du théorème du moment cinétique, des principes de mécanique du solide, de Navier-Stokes.
Je trouve par exemple dommage que tous les cours balancent "F=ma" sans jamais expliquer d'où ça vient (ça donne un peu l'impression "ta gueule, c'est magique")
Je ne sais pas d'où vient F=ma, personnellement (ou alors de la conservation de l'énergie mécanique, ou du principe de moindre action, mais ce sont des postulats équivalents). Dans un cours d'introduction, je le prend comme un postulat. Après, c'est plus vérifier les conséquences expérimentales qui peut être intéressant, d'autant plus que ça illustre le principe de la démarche scientifique : on ne sait pas comment ça marche, mais si on trouve un postulat abstrait qui explique ce qu'on observe, alors on garde le postulat. Il n'a pas besoin d'avoir une raison profonde.
ayant pour but de pouvoir résoudre des exercices plus scolaires
Je vais un petit peu râler, mais ceci est une chose qui me gratte toujours…
Pourquoi la capacité à répondre mathématiquement à une question physique donnée doit forcément être qualifiée de scolaire ? Si je souhaite déterminer l'angle de chute des haradrims qui tombent du dos de l'olifant dans le Seigneur des Anneaux, il faut que je pose les calculs et les traite. Pourtant, l'énoncé n'a pas l'air scolaire. C'est technique certes, et opérationnel ; mais je pense que l'opposition scolaire / non scolaire est une impasse si on souhaite proposer un cours accessible au grand public qui transmette quand même des connaissances solides. Après tout, les cours scolaires ne transmettent pas de la "fausse physique", et la physique se fiche bien de savoir si on énonce les lois sur un tableau ou dans un tuto…