- Moté,
Sauf que le terrorisme a une qualification légale. C’est ce que la loi considère comme un acte de terrorisme. Pas toi, la loi.
Me semble toujours important d’en distinguer la notion légale et la notion commune, tout comme la morale est distincte de la loi. A ce jeu là, on aurait aussi pu dire que de toute façon les Noirs n’étaient pas des humains ou pas des citoyens parce qu’il y a une définition légale et qu’ils ne rentrent pas dedans. On peut aussi discuter d’une notion légale pour savoir si elle doit changer pour s’adapter à l’évolution de la morale.
Par ailleurs, on pourrait reprendre ce que tu dis à propos de la prise d’otage, je ne sais pas si tu fais une différence ou pas sur ce point ou si tu as juste réagis après dans la discussion.
C’est en fait très faux car la population n’a presque aucun impact sur la qualification légale dès qu’on entre dans la sphère du droit pénal. Il y a très très peu d’exceptions à cela. La plus récente est la dépénalisation de l’avortement en lien avec le droit de jouir de son propre corps.
Me semblait que c’était le principe de la démocratie quand même Je te taquine mais c’est bien ce que j’entendais par "la population", au sens du peuple a le pouvoir en démocratie, pas au sens on va faire un référendum pour définir le code pénal.
Il me semble que, moyennant quelques discussions terminologiques, on pourra ranger le militantisme vegan parmi les luttes concernant l’accès égal aux droits (à vivre, à la considération des intérêts relativement à la forme de vie en question et sans nier les différences). Mais c’est une discussion à laquelle je ne veux pas participer directement, même si elle m’intéresse.
Je ne pense pas parce qu’on rentre à mon avis dans la discussion sur comment qualifier les animaux. Ou alors, on pourrait redéfinir ton idée en luttes pour donner plus de droits à plus d’êtres vivants. D’un autre côté, il s’agit également de restreindre celle d’autres personnes (le droit à manger de la viande). On peut faire un parallèle douteux en disant que la lutte contre l’esclavage visait à interdire le droit à certains à exploiter d’autres personnes, mais c’est hasardeux, je le signale juste et je précise que je ne le pense pas.
Tout de même : il me semble que le but des attaques de boucheries n’est pas (en tout cas pas à ma connaissance) de terroriser les bouchers, comme tu le dis plus bas. Que cela soit une conséquence, effectivement, mais il me semble que les rationalités ne sont pas celle-là. Je précise que je dis cela en étant opposé à cette forme d’action, non pas par condamnation de toute dégradation ou par aversion pour la violence, mais simplement parce que cela me semble contradictoire avec d’autres luttes et d’autres enjeux, dont le respect des travailleurs et l’importance de ne faire reposer sur des personnes qui travaillent pour vivre la responsabilité d’un système si vaste et si massif.
J’ai cru comprendre que si le but était de faire flipper les bouchers, mais je ne connais personne y participant donc je ne peux pas le garantir. C’est vrai que ça changerait sûrement ma façon de considérer la chose, même si je serais toujours contre.
Là je suis embêté parce que je n’avais pas du tout cela en tête en développant sur le militantisme.
Je dirais qu’on a besoin de plusieurs concepts de militantisme, et que la ligne que je traçais peut permettre de distinguer :
- Militer au sens large (combattre, lutter pour une cause, quelle qu’elle soit)
- Militer au sens restreint : lutter pour des individus (leurs droits, leurs libertés, l’émancipation, etc.)
Je sais que c’est très vague et qu’on tombera rapidement dans quelque chose comme : "qu’est-ce qui te permet de distinguer les causes qui relèvent de la deuxième catégorie, clairement valorisée, et d’en exclure d’autres ?". Je n’ai pas de réponse toute prête. Je sais simplement qu’on fait la plupart du temps une distinction de ce type sans forcément s’en rendre compte.
Juste une remarque pseudo-épistémologique qui confine à la mauvaise foi : ce n’est pas parce qu’on n’a pas de critère parfaitement explicite et formulable pour une distinction que cette distinction n’est pas pertinente et opératoire
Je blague mais c’est une idée importante, par contre vu comment je la place ici je me doute que je la dessers plus qu’autre chose
Non mais globalement, on va avoir les militants avec les causes pour lesquelles on est d’accord et celles avec lesquelles on est opposé. Mais je pensais que c’était quand même important de ne pas l’oubleier.
EDIT : par rapport à ce que tu as précisé dans ton edit @Arius, effectivement je vois ce que tu veux dire. Il ne s’agit pas dans mon cas de remettre en cause la définition légale du terrorisme, mais bien juste de discuter de mon ressenti par rapport à ma morale. Mais même si c’est dangereux, toute définition légale reste soumise à débat et peut être modifiée un jour ou l’autre, et empêcher d’en discuter ne permet pas d’empêcher qu’elle soit utilisée à de mauvaises fins un jour. Et comme tu le précises, je n’ai aucun pouvoir politique, et il ne s’agit pas d’agir sur ce que je pense mais bien, toujours, d’en discuter.