Justement, c’est le genre de trucs qui me fait me poser plein de question. Jusqu’a présent, je le cachais lors des entretients et je me révélait mes en période d’essai. Mais quand je vois ça , j’ai franchement peur que ma condition ne réduise quand même pas mal mes possibilités.
Il ne faut pas se le cacher, c’est beaucoup plus compliqué pour nous que pour les personnes bien voyantes. LE handicap fait très très peur.
Tellement peur que parfois, ça éclipse même toutes les compétences fantastiques qu’on peut avoir.
Révéler son handicap le jour de l’entretien, ce n’est probablement pas le bon plan.
Je ne serais pas capable de le faire moi-même (voir plus loin pourquoi), mais j’ai déjà parlé de ce sujet avec des amis. Certains ont tenté l’expérience (plus ou moins mauvaises), mais ce qui ressort globalement, c’est que c’est prendre tout le monde au dépourvu, et peut-être donner l’impression qu’on a menti, qu’on a floué.
LE handicap fait vraiment très peur, et d’autant plus quand on ne s’y attend pas.
ET par ailleurs, comment faire confiance à quelqu’un qui a caché une information aussi importante jusqu’au dernier moment ?
Et que fais-tu toi, dans cette situation, si on avait prévu pour toi une grande part de travail nécéssitant la vue ?
Croyant peut-être impressionner ou montrer qu’on en est capable, en fait on a toutes les chances de se disqualifier d’office.
L’écrire sur le CV ou quelque part dans la postulation, c’est probablement mauvais aussi, car c’est la quasi-garantie de finir à la poubelle en 2 secondes, sauf si le handicap représente un atout considérable pour le job.
Sur plus d’un an de chômage et 120 postulations je n’ai jamais vu un tel job où la cécité aurait représenté un atout déterminant.
La réflexion est, pourquoi est-ce que j’enbaucherais un malvoyant ?
Le souci c’est bel et bien de le faire à un moment entre les deux, au moment le plus judicieux.
Personnellement, ce qui m’a le plus réussi je pense, c’est d’aborder ce sujet uniquement par oral (jamais par écrit), et lorsqu’il est question de mobilité.
Par exemple avez-vous le permis de conduire ? pouvez-vous vous rendre rapidement chez des clients ? Êtes-vous prêt à déménager ? Ou à la planification du rendez-vous pour l’entretien.
Dans mon cas personnel, étant totalement non-voyant, je ne suis pas en mesure de me rendre entièrement seul à un nouvel endroit totalement inconnu. L’autonomie dans un lieu, c’est un apprentissage qu’on acquiert par la suite (les premières semaines).
Donc pour le jour de l’entretien en face à face, il faut bien avoir une stratégie. En gros il y en a deux:
- Se faire accompagner par un proche
- Demander à quelqu’un de venir me chercher à la gare ou l’arrêt de bus le plus proche, ou au moins au bord de la route devant le bâtiment si je viens en taxi
Se faire accompagner par un proche, je ne l’ai jamais fait dans ce cas, mais je pense que c’est la mauvaise option. Ca peut donner l’impression qu’on n’est pas capable de se débrouiller seul.
Demander de venir me chercher, en revanche, d’après moi, c’est à la fois une preuve d’autonomie et un bon test:
- une preuve d’autonomie, car je fais mon maximum pour arriver au plus près selon mes possibilités. J’explique bien entendu que si suites il y a, je prends rapidement mes dispositions pour ne plus nécéssiter cette aide.
- un bon test, car si l’entreprise prétexte n’importe quoi pour ne pas venir, elle montre qu’elle n’est pas prête à faire son premier pas pour t’accueillir. Sauf éventuellement si elle te met au défi de venir seul et sans aide, inutile d’insister, mieux vaut aller voir ailleurs.
En informatique, on a tout de même cette chance que les offres sont présentes à la pelle, si on compare à d’autres secteurs.
Ca me fait penser, est ce que vous savez s’il y a un label (Suisse) pour les entreprises qui se veulent inclusives/accueillantes pour les personnes en situation de handicap ?
Ca m’étonnerait beaucoup:
- Les associations comme la FSA commencent tout juste (seulement depuis 2–3 ans) à prendre conscience qu’on peut et souhaite travailler comme tout le monde. Le fait est que la moyenne d’âge des membres de ce genre d’association dépasse (largement) 65 ans, et donc se sentent logiquement peu concernés par la question.
- Dans la tête de trop de gens encore, handicapé = personne malheureuse qui reste toute la journée à la maison ou dans une institution sans rien faire. Malheureusement, seuls ceux qui ont brisé la première barrière de la peur savent à quel point rien n’est plus faux.
- La politique suisse est globalement orientée plutôt vers la droite… et on sait, études à l’appui depuis au moins 12 ans, que les politiciens de gauche sont globalement plus favorables à l’inclusion au sens large et à toutes sortes de soutien.
Et pour répondre à une question plut tôt dans ce sujet, non, en Suisse il n’y a pas de quotas obligeant les entreprises à embaucher des personnes handicapées.
De toute manière, ce serait probablement assez inefficace. Je suis sûr qu’en France, il y a bien plus d’entreprises qui préfèrent payer la taxe plutôt que de faire l’effort, et je doute qu’elle soit suffisante pour faire sérieusement réfléchir.