J’ai tellement de billets en cours de rédaction que je ne sais pas par quel bout commencer…
Confinement oblige, je me replonge dans mes dernières vacances.
C’était en septembre dernier, je prenais la route pour Oslo.
Ça ne pouvait être que ma prochaine étape : après les capitales scandinaves Stockholm et Copenhague, après un détour par Helsinki, la suite logique était d’aller découvrir Oslo, la capitale norvégienne.
Mais elle sera l’objet d’un second billet, je vais commencer dans celui-ci par vous raconter mon voyage.
- Flygskam
- Une nuit en Allemagne
- Le Danemark entre terre et mer
- Passage éclair par la Suède
- Arrivée au fond du fjord
Flygskam
Influence scandinave oblige, j’avais été sensibilisé quelques mois plus tôt au flygskam (littéralement « honte de prendre l’avion »), ce sentiment de culpabilité que l’on peut ressentir quant à son emprunte carbone après un voyage en avion.
Le train s’imposait comme une évidence pour concilier mon envie de voyage et ma réticence à l’avion. Je découvrais alors le monde en train, un répertoire d’itinéraires ferroviaires possibles pour relier les principales villes européennes. Mon trajet était donc réalisable, il ne me restait qu’à le peaufiner.
Je pris alors un papier et un crayon et commençai à griffonner mon itinéraire. Partant de Nancy, il me fallait d’abord gagner Strasbourg pour ensuite traverser une partie de l’Allemagne, du Danemark et de la Suède afin de rejoindre Oslo.
J’avais pour objectif de ne pas perdre trop de temps en route, privilégiant ainsi les trajets pouvant se faire de nuit. J’ai passé du temps sur mon brouillon, à dessiner des flèches dans tous les sens, à consulter les horaires de trains de différentes compagnies1, à réfléchir aux villes où j’aimerais faire escale.
Puis je me suis décidé, j’ai gravé dans le marbre mes choix définitifs et j’ai procédé aux réservations. Je mettrais deux jours entiers pour faire le trajet complet, avec 6 correspondances.
La suite des préparatifs était plutôt classique : réunir différents guides de voyage, potasser des documentations et boucler la valise le sac à dos.
Un sac à dos, oui, c’était un effet un point non négligeable. J’allais vadrouiller de ville en ville, de train en train2, sans savoir si je trouverais à ma disposition des consignes dans chaque gare.
Le défi était alors de tout caser dedans tout en gardant quelque chose de pratique.
J’en suis venu à une solution à base de sacs gigognes, pour pouvoir facilement continuer ma route avec un petit sac à dos si j’arrivais à déposer le grand dans une consigne.
Le sac était bien plein, mais ça tenait.
Je partis de chez moi le jeudi 5 septembre en fin d’après-midi, après ma journée de travail. Je sautai dans le train pour Strasbourg où je disposais d’une heure pour faire un petit tour, manger, et ensuite reprendre le train vers l’Allemagne.
Une nuit en Allemagne
Après seulement 40 minutes de trajet je m’arrêtais à nouveau, à Karlsruhe. Je m’offrais une visite nocturne rapide de la ville, juste assez pour prendre une bière et assister au spectacle de son et lumière projeté sur le château.
Non pas que je désirais absolument passer par cette ville, mais c’était plutôt arrangeant d’un point de vue correspondance.
Je profiterais un peu plus de la ville lors du trajet retour, mon escale me laissant le temps de faire le tour de la ville et du parc du château en début d’après-midi. Le quartier de la gare n’est pas exceptionnel, mais le centre-ville et son parc sont assez sympathiques.
J’embarquais ensuite dans un train couchette.
Oh malheur.
Je me doutais que ce ne serait pas le top du confort mais je ne m’attendais pas à dormir sur une planche trop petite, à l’étroit et secoué au gré des rails.
Et c’est sans parler du petit déjeuner plutôt infect servi le lendemain matin.
C’était mon seul train couchette du voyage mais pas l’unique train de nuit. J’ai aussi passé une nuit entre Copenhague et Hambourg au retour dans un train standard. C’était considérablement moins cher et pas spécialement moins confortable.
Et je me réveillais donc à Hambourg le vendredi en début de matinée.
J’avais 5h devant moi pour découvrir la ville. Hambourg est la deuxième plus grande ville d’Allemagne, située au nord du pays, à proximité de l’embouchure de l’Elbe sur la mer du Nord. Sa situation et son histoire en font aujourd’hui un des principaux ports européens.
Hambourg était en effet membre fondatrice de la Hanse, la ligue des villes marchandes des mers du Nord et Baltique.
Hambourg est aussi — comme son nom l’indique — le berceau du hamburger, inventé par des marins allemands avant d’être importé et popularisé aux États-Unis au XIXème siècle.
La ville est traversée par différents canaux de l’Elbe, sur lesquels naviguent des oies.
Le Danemark entre terre et mer
Puis il était temps en tout début d’après-midi de revenir à la gare prendre un nouveau train. Ma route continuait vers le nord, jusqu’à la frontière danoise.
Je ne savais alors pas très bien ce qui allait se passer car deux itinéraires étaient possibles.
Mais la prochaine correspondance était en fait un ferry.
Il n’y a en effet ni pont ni tunnel sur le Fehmarn Belt, le détroit qui sépare l’Allemagne du Danemark entre Puttgarden et Rødby.
Ainsi, le train est entré dans le ferry pour s’y garer.
Il nous était alors demandé de quitter le wagon et de rejoindre les étages supérieurs du bateau pour les trois quarts d’heure de traversée. L’occasion de monter sur le pont — malgré le vent froid — afin d’observer les côtes allemandes qui s’éloignaient, puis les côtes danoises approchantes.
Après un contrôle d’identité à bord du train (oui, dans Schengen), le trajet se poursuivait sur le territoire danois jusqu’à Copenhague.
En 2017 la ville m’avait beaucoup plu1, c’est pourquoi j’étais très content d’y faire à nouveau escale. Je ne prendrais pas cette fois le temps de vraiment la visiter et me contenterais d’une petite balade dans les rues.
J’arrivais à Copenhague la vendredi soir pour repartir le samedi matin, passant la nuit à l’auberge où j’avais résidé deux ans plus tôt.
La ville avait assez peu changé depuis la dernière fois, mais je remarquais que les travaux pour la nouvelle ligne de métro avaient bien avancé, dégageant en grande partie la « Nouvelle Place du Roi » (Kongens Nytorv) que j’avais connue très encombrée.
C’était très sympathique de repasser par Copenhague, je me sentais bien rien qu’à y flâner dans les rues, même si ma visite fut de courte durée. Le lendemain matin, je retournai à la gare et pris le train pour Malmö.
Il existe en effet une ligne ferroviaire liant les deux villes scandinaves, consistant en un tunnel du côté danois et un pont de l’autre. La blague voudrait qu'ils n’aient pas réussi à s’accorder sur la meilleure solution.
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Beaucoup plu, beaucoup plu ♫
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Non en vrai j’avais eu très peu de pluie.
Passage éclair par la Suède
Ah, la Suède. ♥
Je savais que j’y retournerais un jour, mais je ne savais ni quand ni comment.
Imaginant au départ y faire un plus grand détour j’ai finalement décidé de n’y passer que brièvement : le trajet était déjà long et je voulais surtout découvrir Oslo.
J’aurai bien l’occasion de revenir à nouveau en Suède, peut-être là encore en itinérant ?
Toujours est-il que je marquais un premier arrêt à Malmö. Très court, trente minutes seulement, juste ce qu’il fallait pour acheter et manger un kanelbulle.
Après Malmö, j’enchaînais sur Göteborg où j’avais un peu plus de temps à passer. Pendant deux heures, j’arpentais les rues dont je ne conservais que des souvenirs flous. Heureusement j’étais armé de mes guides touristiques qui m’aidaient à me repérer dans cette grande ville.
Je restais dans les environs de la gare, le long des parcs et des canaux. Je croisai un groupe de personnes portant marinière, béret et baguette à la main tout en imitant un accent français ; mouais, pourquoi pas.
Ma mémoire me revenait peu à peu à mesure que je m’aventurais dans les rues de l’hyper-centre, cette ville inconnue redevenait familière. Il faisait beau et chaud sous ce soleil de septembre, mais surtout il faisait faim : il devait être midi douze environ.
J’étais dans une ville portuaire suédoise, il me fallait donc manger du saumon fumé. En pavé de préférence. Je me souvenais d’une certaine « église aux poissons » située au centre-ville au bord de l’eau, et je n’eus aucun mal à la retrouver. Celle-ci abritait effectivement un marché où j’ai pu me sustenter.
Je n’avais pas forcément pensé aux couverts, et c’est donc les doigts poissonneux que j’ai terminé ma promenade.
Comme dessert, ce fut une tarte aux daims (il faut bien rendre honneur au pays) à manger dans le train pendant le trajet suivant !
Je profite de cette phrase écrite sur un précédent billet concernant la ville pour maintenant apporter la photo qui étaye mes propos.
J’ai un peu tourné pour retomber sur ce bâtiment. Je savais dans quel quartier il se trouvait mais j’ai réussi à m’égarer et à tourner en rond. Heureusement, plan à la main, je suis retombé sur mes pattes. Maintenant je peux vous le dire, c’est au Magasinsgatan 3, près de Lilla torget.
J’ai même réussi à retrouver le chemin de la gare pour enfin rejoindre ma destination finale.
Arrivée au fond du fjord
Ainsi, j’arrivai finalement à Oslo le samedi en fin d’après-midi, au soleil couchant.
Verdict ?
Le voyage en train a vraiment un aspect sympathique que je ne trouvais pas avec l’avion, le fait d’avancer progressivement et de voir du pays, de marcher équipé de mon sac à dos.
C’était donc une bonne expérience que je renouvellerai quand ce sera à nouveau possible. L’embêtant est la limitation quant aux liaisons existantes : si je veux retourner en Europe du Nord par exemple, je devrai repasser à peu de choses près par les mêmes villes. Pas grave, je ne suis pas près de m’en lasser.