On y parle nucléaire (beaucoup trop), mais surtout énergie au sens large, avec la fameuse digression sur ce qu’est un expert et le rôle des médias. C’est 40 minutes, mais 40 minutes qui valent le coup (et ça s’écoute très bien en x1.5).
C’est en effet très intéressant. Les dix dernières minutes n’ont pas dû être agréables pour l’équipe en studio et le journaliste.
Pour aller plus loin, une explication bien plus détaillée des liens entre le réchauffement climatique, l’énergie et l’impossible croissance continue :
Comme nous sommes sur un site assez scientifique par nature, j’invite même à consulter sa chaîne et en particulier le cours qu’il a donné aux Mines sur le sujet. C’est très complet, plus que ses conférences habituelles forcément, mais cela demande plusieurs heures de visionnages.
J’aime beaucoup le travail de Jancovici sur ce sujet, il a raison sur de nombreux points. Après je mettrais un bémol sur certains de ses propos tout de même. Bien que j’ai l’impression que sur les points que je vais critiquer, ces derniers temps il ajoute dans son discours un selon moi qui permet de ne plus les asséner comme une vérité absolue mais bien comme un avis. D’autant plus que parfois la démonstration est pauvre. Et après tout, juger de l’histoire ou de l’économie alors qu’on n’est pas expert du milieu est un exercice difficile.
En vrac, disons que Jancovici associe l’énergie abondante à la démocratie et à la fin de l’esclavage. Cela a pu aider à les développer, mais ces concepts sociaux ou sociétaux ont eu des mises en place qui ont débuté avant que l’énergie abondante ne soit là. Ne reposer en tout cas uniquement sur le facteur énergétique l’émergence d’un tel changement de société me paraît un peu hors de propos et surtout hors de son expertise.
Après c’est sûr que si demain on n’a plus assez d’énergie, pas impossible que certains pays ou peuples chavirent dans des choix pas sympathiques. C’est à garder à l’esprit mais ce n’est pas une obligation.
Il associe également quasiment toutes les crises économiques au seul facteur de l’énergie, comme celle de 2008. Sa seule démonstration est que la baisse de la consommation énergétique a précédé un peu la baisse économique. Mais cela ne démontre pas un lien de cause à effet pour autant, l’économie a aussi des stocks et prévoit son activité en avance donc il n’est pas impossible d’avoir une baisse de consommation d’énergie avant celle du PIB pour des raisons totalement externes. Par ailleurs il me semble que pas mal de gens ont alerté dès 2005 par exemple la crise des subprimes qui se profilait sans faire intervenir le facteur énergie dans l’équation. C’est d’ailleurs tout le problème de l’économie qui est tellement imbriquée avec la consommation d’énergie mais de tellement d’autres facteurs qui sont entremêlés dans le temps et l’espace qu’il est délicat de démontrer des liens de cause à effet forts avec juste un graphe.
D’autant qu’en théorie, mais je peux me tromper, s’il y a un manque d’énergie, quelque part il y aurait une pénurie de cette énergie. Comme par exemple quand il y a des grèves qui bloquent les raffineries et que des pompes sont vides et qu’il est délicat pour tout le monde de s’en procurer même si on en a les moyens. Or il ne semble pas que cela a été le cas dans un pays riche en dehors de ce genre de contextes sociaux. Pourtant il attribue à l’Italie (et aux USA en 2008) une contrainte sur la production d’énergie mais qui est bizarrement non ressentie par la population ou les entreprises ? Je peux me tromper, mais il n’a jamais répondu à mes interrogations à ce sujet (car je l’ai contacté à ce sujet) et il n’y a rien d’évident. Et pourquoi l’Italie subirait cette contrainte mais pas un pays plus pauvres ? Pas très bien expliqué non plus.
Du coup personnellement j’évite d’attribuer du crédit à Jancovici quand il énonce ce genre de choses. Mais de toute façon je dirais que ce n’est même pas l’essentiel de son propos (même si cela lui prend énormément de temps de parler de ces annexes). Ce qui faut retenir selon moi est :
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Le réchauffement climatique est en route et va poser de gros problèmes divers et variés et qu’on a peu de temps pour limiter les dégâts et donc décarboner l’économie pour limiter ces désagréments sans un recul trop violent de notre mode de vie.
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Même si on ne croit pas au réchauffement climatique et à ses effets néfastes, de toute façon la production de pétrole et de gaz ne pourra soutenir une telle demande très longtemps / éternellement, et l’argent pour en consommer finance des pays étrangers au lieu de financer nos États. Donc pour cette raison décarboner l’économie maintenant est une bonne idée aussi.
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Nos économies sont tellement dépendants de l’énergie et les énergies carbonées sont tellement pratiques (très denses, facile à extraire et à manipuler, etc.) que les remplacer par autre chose (éolien, solaire, agrocarburant, biomasse) est difficile et que pour répondre à cette demande il y a des externalités négatives non négligeables comme l’occupation des sols ou la consommation de matériaux, le coût ou encore l’intermittence de cette production.
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La conséquence est donc qu’il faut être plus sobre dans notre consommation (sans tomber à l’âge de pierre, juste en consommant ce qui est vraiment utile / nécessaire), et faire dès maintenant une transition de long terme. Et que se débarrasser du nucléaire à court terme est une mauvaise idée, cela devrait être envisagé uniquement quand la décarbonatation de l’économie aura été suffisante car cela reste un mode de production très efficace pour effectuer cette transition.