Cette photographie a été prise le 24 mars 2017, à Aussois (1200-3600m d’altitude), un petit village de montagne, en Savoie, dans les Alpes françaises. Elle représente une piste de ski alpin enneigée artificiellement, tandis que le reste est entièrement dénué de neige.
La pratique du ski « de masse » s’est développé en France des années 1964-1977, avec le fameux plan neige : concrètement, l’État s’est engagé fortement pour développer des stations de ski en montagne, pour contre-balancer la baisse des autres activités (agro-pastoralisme, industries, notamment métallurgique et hydroélectrique avec la « houille blanche »). Les sports d’hiver marquent aujourd’hui fortement l’économie française alpine, représentant un marché de près de 5,8 milliards d’euros, soit 19% du PIB dans les deux départements savoyards (sous la dénomination « Savoie Mont-Blanc » dans le document).
Mais, il y a un hic : le réchauffement climatique. Ainsi, on constate une baisse de l’enneigement dans les stations de moyenne altitude, du fait de l’augmentation des températures. Pour qu’une station de ski soit rentable, il faut « une couche de neige d’au moins 30 cm d’épaisseur subsiste 100 jours (entre le 1er décembre et le 15 avril pour l’espace alpin français), au mois sept hivers sur dix » (source). On comprend bien que, s’il fait plus chaud, la neige ne tient pas. Mais le principal problème n’est pas une hausse globale des températures, mais l’incertitude : combien d’hivers « idéals » aurons-nous ? Il peut avoir des compensations avec des canons à neige. Mais cela peut poser plusieurs problèmes : utilisation d’adjuvants (pour faire tenir la neige) polluants, constitution de réserves d’eau concurrençant d’autres usages (agriculture)… Sans oublier le coût financier : de nombreuses petites stations sont gérés en régie (= en interne) par des municipalités, qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens.
Dit autrement, une station de ski, est par définition, un gouffre financier : construction et maintien des infrastructures… sur lequel il s’ajoute les compensations climatiques, avec les canons à neige. On comprend bien que cette situation n’est plus tenable par les petites communes de moyenne montagne. Il faut donc imaginer « le jour d’après ». Il faut donc inventer l’après-ski. Cela peut passer par le développement du tourisme estival (la montagne est magnifique en été ). Ainsi, on peut imaginer retrouver « néo-climatiste » (comme au XIXe siècle), avec des étés en montagne et des hivers à la mer…
Pour ceux qui ont la chance d’aller en montagne cet hiver, bonne glisse !