Ces billets font partie d’une série appelée "Zeste de Calligraphie". Voici les autres épisodes :
ZdC #1 : Prise en main ; anamnèse et perspectives.
ZdC #2 : Premier travail ; calligraphie en tengwar et alphabet latin, et un soupçon d’illustration.
Les derniers épisodes ayant suscité un certain nombre de réactions (notamment grâce à la mise en une, merci le staff), on est reparti pour un nouvel opus :3 . Comme je suis totalement irrepentant par rapport à ma passion pour Tolkien, je continuerai sur le thème de la Terre du Milieu.
Réfléchissons, qu’y a-t-il comme citation de l’œuvre de Tolkien qui soit connue et appréciée ? Écartant la formule sur les portes de la Moria, ainsi que l’épitaphe de Balin dans ladite Moria (je n’ai pas les bonnes plumes pour calligraphier en cirth − runes naines), j’ai pris le serment d’Elendil.
Ça ne vous dit rien ? Pourtant, vous l’avez sans doute entendu dans le Retour du Roi (c’est-à-dire le troisième film de Peter Jackson), quand Aragorn chante juste après son couronnement :
- L'histoire du Serment d'Elendil
- Brouillon et illustration
- Calligraphie en tengwar et alphabet latin
- Bonus : "Rohirrique" au brouillon
L'histoire du Serment d'Elendil
Cette partie raconte l’histoire de la formule calligraphiée. Si vous n’en avez rien à faire ou si vous connaissez déjà, vous pouvez passer à la partie suivante. Plus de détails sur la chronologie de la Terre du Milieu sont disponibles sur un de mes articles (j’y ai mis des références).
Voici le texte originel de la scène dans le Seigneur des Anneaux (traduction par Francis Ledoux) :
Comme indiqué à plusieurs reprises dans le texte, Aragorn et ses ancêtres viennent de la Mer, plus précisément d’une île nommée Númenor. Cette île a été submergée par la divinité suprême, Eru Illúvatar, à cause des crimes de ses habitants. L’un des seuls rescapés, Elendil, a pris avec lui ses fils (Isildur et Anárion) et a sauvé un arbre, symbole du prestige de Númenor 2. Posant le pied sur la terre ferme, il a prononcé ledit Serment et a fondé les Royaumes d’Arnor et de Gondor.
Par la suite, l’Arnor est tombé et le Gondor, sur le point de tomber, a été relevé par Aragorn, le seul descendant de la lignée d’Elendil. Ce dernier a donc été couronné roi et a re-prononcé le Serment.
Le Serment a donc une grande signification symbolique et historique pour les royaumes númenoréens.
Brouillon et illustration
J’ai décidé que le centre de la feuille serait occupé par l’enseigne royal du Gondor : j’ai pour ce faire utilisé l’image de Kaiser 16 sur Wikimédia (CC-BY-SA). Pour me familiariser avec l’image, j’ai fait une version au brouillon :
Comme vous le voyez, l’arbre prend la majeure partie de la feuille, tandis que le Serment occupe les côtés hauts. Même si cette configuration ne me satisfaisait pas tout à fait, j’ai commencé l’arbre au propre. Je me suis d’abord occupé des traits de construction (disponible à échelle 1/2 en cliquant sur l’image) :
Vous observez la sorte de toit, qui sera utilisé pour dessiner les étoiles, le conteneur rectangulaire pour la couronne, la forme grossière du tronc (avec les points de fixation des branches) et l’emplacement pour les racines.
Les étoiles
Il s’agit d’étoiles à 8 branches, réalisées selon la méthode suivante :
Sur l’image d’origine, leurs branches sont dans un autre sens, mais je les ai orientées de sorte à ce que ce soit plus facile pour le traçage.
La couronne
L’arbre
Plutôt que d’écrire pour ne pas dire grand-chose, j’ai préféré, comme pour la couronne, mettre le processus de construction en image :
Enfin, j’ai repassé à l’encre de Chine (diluée, pour obtenir du gris) sur les traits de l’emblème, ce qui a donné :
Calligraphie en tengwar et alphabet latin
Comme pour la calligraphie précédente, j’ai choisi de faire une version bilingue : le texte original, et sa traduction. Et, comme l’autre fois, on commence par les lignes de construction :
Notez que, par bêtise, j’ai fait deux fautes : les vaguelettes au-dessus des "i" (lignes 1 et 3) ne devraient pas exister. C’est que les lettres ne correspondent pas au même son, selon la langue utilisée (ici du quenya).
Voilà ! Il ne reste plus qu’à faire l’autre côté, en français
Vous observerez que la police est différente par rapport à celle utilisée pour l’Œil : inspirée de la police Copperplate, elle est plus élancée et plus fine. Non seulement pour rendre le texte plus agréable, mais aussi parce que c’est le type de police adapté pour les plumes dont je dispose (plumes fines).
Après cela, j’ai rajouté, de part et d’autre du tronc, les noms d’Arnor et de Gondor (les royaumes fondés par Elendil − avec des fautes, my bad ), en bleu clair. Voici donc le résultat final :
Bonus : "Rohirrique" au brouillon
Pendant le même temps, j’ai écrit un texte en Anglo-Saxon (qui correspond, dans les romans de Tolkien, à la langue des Rohirrims1) : il s’agit d’un court poème que j’ai tenté de calligraphier. Comme je l’ai fait avec une plume fine (et pas biseautée), le rendu est très mauvais, mais meilleur que rien :
Allez, la première personne qui me traduit ça à vue de nez, je lui fais une calligraphie sur demande − c’est simple, il faudrait moins de quelques heures à un débutant pour traduire ces lignes.
Je referai ça au propre, avec des plumes biseautées (que j’ai maintenant achetées).
-
Bon, promis, un jour je ferai un tuto sur les langues de la Terre du Milieu.... ↩
C’en est fini du Serment d’Elendil ! J’espère que cette forme de billet, avec un peu de contexte et moins de texte inutile, vous a plu.
On se retrouve très bientôt pour la suite de cette série avec un texte latin et une enluminure (que je trouve, ma foi, avoir réussie :D).
N’hésitez pas à me faire part de votre ressenti ou de vos suggestions dans les commentaires.
Namarië !