[Chroniques du Nord] Escapade dans l'archipel du Svalbard

Des avions et des graines

Chose promise, chose due, voici un petit récit de mon séjour effectué fin août 2017 dans l’archipel du Svalbard.

Une destination qui sort de l'ordinaire

En règle générale, quand je parle de vacances d’été à mes collègues de boulot, ils pensent tout de suite soleil et plage de sable fin. Sauf qu’entre mes yeux qui brillent quand je parle de Stockholm ou d’Islande et mes escapades en plein hiver à Tromsø et Sommarøy, ils commencent à me connaitre. Bref, histoire de ne pas déroger à la règle et préférant de loin un petit 0°C à un 35°C + moustiques, je me suis rappelé les photos d’une amie qui était allé dans une ville nommée Longyearbyen il y a quelques années pour photographier une éclipse de soleil.

Mais qu’est-ce cette ville au nom étrange et où se situe-t-elle? En résumé, Longyrbyen se trouve sur l’ile de Spizberg, dans l’archipel du Svalbard au large de la Norvège et à environ 1300km du Pôle Nord et 840km du Nordkapp. Elle compte environ 2400 résidents permanents.

Vous êtes ici ! - Crédit: OpenStreetMap
Vous êtes ici ! - Crédit: OpenStreetMap

Pour la petite info, le Svalbard est sous la souveraineté de la Norvège mais est en dehors de l’espace Schengen. Et, grâce au traité du Svalbard signé en 1920, c’est un territoire neutre et démilitarisé où tous les pays ont le droit d’exploiter les ressources naturelles locales. Récemment encore, la Russie maintenait une mine de charbon en activité à l’avant-poste de Barentsbourg. De même, il y a encore neuf personnes qui vient à l’année, coupées du monde dans la ville fantôme de Pyramiden (pas de réseau de téléphonie, Longyearbyen à au moins 30 minutes en hélicoptère…).

C’est-à-dire qu’en tant que citoyen européen, vous devez absolument avoir un passeport en cours de validité car votre CNI ne suffira pas ! En effet, vous passez le contrôle aux frontières à Oslo ou Tromso suivant l’origine de votre vol. Il n’y a pas de contrôle une fois sur place et tout le monde est exempté de visa, quel que soit son pays d’origine. La seule condition pour vivre sur place est d’avoir les moyens de subvenir à ses besoins et être en bonne santé. Du fait des conditions de vie et des limites de l’unique hôpital sur place, les femmes enceintes sont envoyées sur le continent avant terme, de même que les retraités, les chômeurs… On ne nait pas et on ne meurt pas au Svalbard ! En souvenir du temps passé où l’extraction du charbon battait son plein, l’alcool est rationné pour les habitants mais aussi pour les touristes qui doivent présenter un billet d’avion ou de bateau.

Ah, dernière chose, la ville est au milieu de la nature. Donc si vous souhaitez la quitter, vous devez au choix:
[*]Avoir suivi une formation et posséder tout l’équipement de survie adéquat ainsi qu’une autorisation du Gouverneur du Svalbard.
[*]Etre accompagné d’un guide qui a les pré-requis mentionné ci-dessus.

L’équipement de survie comprenant entre autre un fusil. En effet, il n’est pas rare de croiser des ours polaires et plutôt que vous faire des câlins, ceux-ci préfèrent se faire un sandwich ! Mais la force armée n’est utilisée qu’en dernier recours. Les fumigènes pour faire fuir l’animal et les fléchettes hypodermiques et autre nerf guns passent avant. La priorité restant avant tout le contournement. En effet, l’ours polaire est une espèce protégée. Dans l’absolu, le but est donc plus d’éviter de faire du mal à l’ours que de protéger la personne. :)

C’est donc au détour du Terminal 1 de Roissy Charles-de-Gaulle que débute le périple…

Une journée en avion

Embarquement à l’heure avec SAS, la seule compagnie à desservir Longyearbyen avec Norwegian et quelques charters. Puis escale à Oslo, passage de la douane et c’est parti pour une longue ligne droite vers le nord ! L’avion décolle vers 21h et doit atterrir vers minuit. Mais le Svalbard, ce n’est pas seulement les ours polaires, mais aussi une météo changeante et qui vire vite au brouillard.
En témoigne la photo suivante prise lors de l’approche finale sur Longyearbyen. Visibilité au top n’est-ce pas?

L'approche finale sur Longyearbyen !
L'approche finale sur Longyearbyen !

Comme vous pouvez vous en douter, l’avion n’a pas pu atterrir. Et rebelote lors de la seconde tentative du pilote. Ne pouvant pas rester indéfiniment dans les airs, nous sommes donc déroutés sur Tromsø afin de nous ravitailler en carburant et pour que le pilote récupère ses nouvelles consignes car l’aéroport de Longyearbyen a été officiellement fermé entre temps… Nous sommes arrivés vers 2h du matin à Tromsø et avons redécollés environ 30 min plus tard. Mais notre destination est malheureusement Oslo car nous devons changer d’avion. Une fois arrivés à 5h et des brouettes, on repasse la douane, on récupère nos bagages + un voucher de la part de SAS pur acheter de quoi manger et on se réenregistre sur un vol affrétés pour nous 2h plus tard.

Vers 11h du matin, l’approche est beaucoup plus sympa !

Oh! Du ciel !
Oh! Du ciel !

C’est donc avec 11 grosses heures de retard que je peux enfin fouler de mes pieds l’archipel du Svalbard. Vite, je saute dans la navette qui m’amène à l’hôtel car j’ai une première randonnée qui m’attend à midi !

Au final :

Quelques Miles en plus... - Crédit: OpenStreetMap
Quelques Miles en plus... - Crédit: OpenStreetMap
Bienvenue à Longyearbyen ! (photo prise à 1h sur le retour)
Bienvenue à Longyearbyen ! (photo prise à 1h sur le retour)

Randonnée au-dessus de Longyearbyen

Accompagnés de notre guide Nana, de son chien et de cinq autres personnes, nous partons sur les hauteurs de Longyearbyen sous une pluie fine. Je dois vous vouer que ça fait bizarre de marche avec quelqu’un ayant un fusil chargé accroché à son sac à dos. D’ailleurs, la règlementation locale fixe à quatre le nombre de balles dans un fusil (trois dans le chargeur et une dans la chambre).

Tout au long de nos déambulations, nous faisons quelques arrêts pour chercher des fossiles tout en buvant du sirop de sureau chaud (c’est super bon).

Sur les hauteurs de Longyearbyen
Sur les hauteurs de Longyearbyen
"Ruisseau" local
"Ruisseau" local

Nous passons ensuite sur un autre versant avec une vue sympathique sur le fjord et l’aéroport de Longyearbyen. Soit dit en passant, je fais partie, avec mes camarades d’infortune, des célébrités locales: un membre du fameux "avion retardé de onze heures". A ce sujet, petite pensée à toutes les personnes qui ont passé la nuit dans l’aéroport, attendant notre avion pour retourner à Oslo.

L'aéroport de Longyearbyen
L'aéroport de Longyearbyen
Le fjord vu des hauteurs
Le fjord vu des hauteurs

La dernière partie de la randonnée nous amène au Svalbard Global Seed Vault. Ce bunker, construit dans le permafrost sert à stocker les semences de tous les végétaux cultivables de la planète afin de conserver la diversité génétique des cultures d’un pays en cas de catastrophe naturelle, technologique ou humaine. Un pays n’a le droit de récupérer tout ou partie de ses dépôts qu’en cas de force majeure. Le premier retrait a eu lieu en 2015 par l’état Syrien. Le bunker n’est pas ouvert au public donc tout ce que j’ai pu faire, c’est prendre l’entrée en photo.

Entrée du *Svalbard Global Seed Vault*
Entrée du *Svalbard Global Seed Vault*

C’est tout pour ce premier épisode riche en émotions et en fatigue après plus de 24h sans dormir. En attendant le prochain épisode, je vous laisse sur l’entrée d’une ancienne mine de charbon + un petit teasing des évènements à venir !

Une ancienne mine de charbon
Une ancienne mine de charbon
Au prochain épisode !
Au prochain épisode !

5 commentaires

Super retour d’expérience. Je pensais que le Svalbard était totalement intégré à la Norvège, je ne savais pas que de telles règles s’y appliquaient. Ça a en tout cas l’air assez fastidieux comme voyage.

entwanne

Pour résumer:

  • Lois norvégiennes
  • L’intégralité de l’archipel est démilitarisé
  • Pas besoin de Visa quelque soit la nationalité de la personne (mais passeport obligatoire)
  • Langue norvégienne + couronne norvégienne pour la monnaie
  • Moins d’impôts qu’en Norvège continentale
  • Pour s’y établir, tu dois montrer que tu peux subvenir à tes besoins (ie pas de chômeur)
  • Vente au détail d’alcool rationnée pour les locaux comme pour les touristes (mais à volonté dans les bars/restos). C’est un héritage du siècle dernier quand il y avait des mines de charbon de partout.
  • Obligation d’avoir une autorisation du Gouverneur du Svalbard + avoir suivi la formation et avoir le matériel adéquat si tu souhaites sortir de la ville par tes propres moyens.

Si tu veux plus d’infos sur les aspects juridiques et diplomatiques du Svalbard, je t’encourage à te documenter sur le Traité du Svalbard.

Fastidieux, non. Mais là, c’est la météo qui a fait des siennes. Sinon en cumulé c’est 5h de vol depuis Paris + le temps d’escale. Mais tu vas là-bas en connaissance de cause de point de vue de la météo. Et puis, mieux vaut arriver entier avec 11h de retard plutôt que nourrir les poissons dans l’océan arctique. :D

Ce qui a surpris du monde dans l’avion, c’est le fait de rentrer à Oslo depuis Tromsø. Je m’attendais à passer la nuit là-bas. Mais SAS avait besoin de l’avion pour un autre vol et on a donc changé d’avion à Oslo.

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Merci beaucoup pour ce billet ! Je ne sais pas trop pourquoi, mais Svalbard m’a toujours fasciné (peut-être grâce à À La Croisée des Mondes ^^).

J’ai vraiment hâte de lire la suite !

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