Adieu Suède je vais partir. C’est dur de partir au printemps, tu sais.
Lors de ma première soirée organisée avec mes colocataires de corridor, au mois de septembre 2013, c’est Le moribond de Jacques Brel que je leur ai fait écouter en premier pour illustrer la musique francophone1. Et cette même chanson s’adapte parfaitement à mon départ.
On ne voit pas bien comment les choses s’enchaînent : on arrive dans un nouveau pays, on y passe du temps, on y prend ses habitudes, puis vient le moment d’en partir.
Ce dernier billet sera un peu décousu, mais s’essaiera à traiter les états d’âme de cette fin d’aventure.
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Alors qu’ils ne juraient que par Stromae.
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Voilà c'est fini
Pendant mon dernier voyage en Suède, nous avions prévu une escale à Linköping afin que je puisse y rassembler mes affaires. Le moment de débrancher mon fidèle radio-réveil qui m’accompagnait déjà depuis une quinzaine d’années et qui avait donc naturellement pris part à l’aventure.
J’étais un peu plus chargé qu’à l’aller puisque j’avais entre-temps acheté draps, serviettes et quelques livres.
Nous avions toutefois prévu le coup, mes parents étaient venus peu chargés pour que je puisse profiter de la place restante dans leurs valises pour y parquer mes excédents.
J’effectuais un dernier aller-retour à l’université pour y déposer mon trousseau de clefs, me permettant par la même occasion de la faire visiter à mes parents. Cela marquait vraiment le départ, je ne résidais maintenant plus en Suède. Un dernier au-revoir à mes voisins et voisines de palier et me voilà parti.
Cette année écoulée avait été très enrichissante, j’y avais découvert un nouveau pays, une nouvelle langue, de nouvelles personnes.
Il était temps de mettre fin à tout cela, garder les photos comme souvenirs, conserver les livres mais oublier peu à peu le suédois, et perdre contact.
À l’aéroport, j’ai fait le plein de plaques de Marabou Daim, ces plaques de chocolat au lait suédoises fourrées aux daims, qui allaient rapidement me manquer.
Puis c’était le retour de voyage habituel : un peu d’avion, de train et de voiture pour enfin arriver à destination.
Retour à la réalité
Revenir en France, c’était déjà me replonger dans de multiples formalités.
Quelques mois plus tôt, j’avais entrepris la recherche d’un stage à temps partiel à Nancy, pour commencer dès le mois de juillet et me remettre ainsi directement dans le bain. Le tout était validé, j’avais pu passer les entretiens en visioconférence depuis ma chambre suédoise, mais je devais encore me rendre dans les locaux en fin de mois pour y faire signer les conventions.
Autre point administratif, il me fallait trouver un logement à Nancy. Lors de ma dernière nuit à Linköping, j’avais profité de ma connexion Internet pour noter les numéros de téléphone de quelques annonces d’appartements. Arrivé à Roissy le 18 juin dans l’après-midi et ayant récupéré un numéro de téléphone français, j’avais ainsi pu les appeler pendant que j’attendais le TGV afin de prendre rendez-vous au plus vite, c’est-à-dire dès le lendemain. Une semaine plus tard je signais le bail d’un appartement où j’ai pu à nouveau déballer mes affaires et m’installer, dans lequel j’habite toujours aujourd’hui.
Ça ne m’avait pas manqué, tiens.
Rentrer à Nancy, c’était aussi retrouver le climat semi-continental du nord-est et ses fortes chaleurs estivales. J’étais bien dans la fraîcheur suédoise, moi. Quoique le pays a subi pendant l’été 2014 une grosse canicule avec de nombreux feux de forêts, j’avais peut-être bien fait de partir avant.
Le plus perturbant avec ce « repaysement » était de me réhabituer à ce que les gens autour parlent français. Ça paraît très con dit comme ça, mais je ne compte pas le nombre de fois où je me suis retourné dans la rue en me disant « mais c’est du français ! ». Eh oui, il m’était rare d’en entendre quand je déambulais en Suède.
Mais tout cela passe très vite, la routine s’installe à nouveau et c’est comme si cette année passée n’était plus qu’un lointoin souvenir. Avec le temps, je tourne maintenant la tête quand je crois reconnaître du suédois !
Dis, quand reviendras-tu ?
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits, voilà combien de temps que je suis reparti ?
La fin de mon séjour peut paraître mélancolique telle que racontée dans ce billet, mais ce n’est pas tellement l’état d’esprit que j’avais à l’époque.
Le départ ne fut pas douloureux : je l’avais anticipé et estimais avoir vu tout ce que je voulais voir. Je savais qu’il était temps de mettre un terme à tout cela et de reprendre une activité normale. Il me hâtait même de rentrer « chez moi » et d’y retrouver mes anciennes habitudes, de revoir mes amis revenant des quatre coins du globe.
Le printemps 2014 s’est enfui depuis longtemps déjà, et avec le temps la nostalgie s’est installée. Ainsi que les regrets : j’aurais voulu faire plus de choses quand j’en avais l’occasion. Ayant peu de contacts sur place j’avais passé une grande partie de mon temps seul et n’avais pas eu la motivation suffisante pour voyager, je passais simplement la quasi totalité mes week-ends chez moi.
En y réfléchissant après coup, je me disais que j’aurais aimé découvrir plus profondément la Suède, ou encore profiter de ma position géographique pour visiter les pays alentours. Copenhague, Helsinki ou Oslo avaient l’air de villes sympathiques et pourtant je n’avais pas pris la peine de m’y déplacer. Mais je sais bien que le temps passé ne se rattrape guère.
À Noël tu verras, je serai de retour.
L’idée de retourner en Suède me hantait depuis fin 2014.
Celle de m’y installer plus ou moins définitivement après mes études m’avait même traversé l’esprit, attisant mon goût pour l’aventure.
Pourtant je n’ai jamais sauté ce pas, je ne voulais pas repartir de zéro dans la recherche d’un travail ou la construction de nouvelles relations, et je me plaisais assez bien à Nancy.
En revanche il me hâtait d’y revenir pour des vacances.
Ma sœur qui devait initialement me rendre visite en Suède en même temps que mes parents n’avait finalement pas eu de vacances au moment adéquat.
Nous avions alors convenu que nous remettrions ce voyage à plus tard.
C’est en 2015 que les planètes se sont alignées : elle disposait de vacances au moment de Noël et j’avais moi-même quelques jours à poser.
La décision fut alors vite prise et les réservations dans la foulée1, nous irions passer Noël à Stockholm. Ça tombait bien, je ne connaissais pas la ville en hiver.
Nous sommes arrivés à destination le 23 décembre en début de soirée.
À mon grand regret, Stockholm n’était pas enneigée. Enfin, ne l’était plus, les gros tas de neige au bout de certaines rues témoignaient de chutes récentes.
La ville ressemblait à ce que j’en connaissais déjà, si ce n’est qu’elle était décorée aux couleurs de Noël.
Le solstice tout juste passé nous offrait de très courtes journées, agrémentées d’un vent glacial venu des terres. Nous nous attendions au froid sans forcément avoir tellement envisagé le vent, on a évité de reproduire l’erreur d’un pique-nique sur un banc en plein air2 et tout s’est très bien passé.
L’hiver à Stockholm nous permettait de pratiquer des activités telles que le patinage sur Kungsträdgården, l’auberge de jeunesse mettant à disposition des patins et la patinoire étant en accès libre. Nous avons aussi profité du parc Skansen dont l’entrée était gratuite pour la veille de Noël, et de nombreuses fika pour se réchauffer à la tombée de la nuit.
Je reprendrai la route, le monde m’émerveille.
J’ai retenu de mon année en Suède et de mes quelques regrets qu’il ne me fallait pas forcément chercher à être accompagné pour voyager et profiter.
C’était bien à moi de prendre les choses en main et je me promettais de ne plus rien attendre de personne pour faire ce dont j’avais envie, quand j’en avais envie. YOLO.
Bien qu’en réalité il m’a encore fallu quelques années pour que cela prenne vraiment forme et que je décide de partir en vacances seul.
Mon attrait pour les villes et paysages nordiques ne s’est pas éteint à mon retour de Suède. Je ne m’y suis plus rendu depuis cette fin d’année 20153 mais j’ai visité d’autres villes d’Europe du Nord comme Amsterdam, Tallinn, Copenhague ou encore Dublin4. Qui sait ce que pourra encore me réserver la suite ?
Parmi ce qu’il me reste à faire, j’aimerais beaucoup partir à la découverte de l’Islande.
C’est un voyage qui demande du temps et de l’organisation puisque je voudrais réaliser le tour de l’île et donc prévoir d’y rester environ deux semaines.
Je pense alors que ce voyage ne sera pas encore pour tout de suite.
Peut-être pourrais-je en attendant me diriger vers Helsinki ou Oslo ?
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J’ai fait simple, vols aller-retour entre Charleroi et Nyköping, et même auberge de jeunesse que lors de mes voyages précédents.
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Car il n’est pas bien pratique de manger avec des gants, et douloureux de les retirer.
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Un nouveau voyage se profile en revanche pour 2019.
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Que je considère toutes comme des villes d’Europe du Nord, mais ça peut être sujet à controverse.
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C’est ainsi par ce court billet que j’achève le récit de mes épopées suédoises.
Je pense les avoir couvertes en long, en large et en travers à l’issue de ces six chroniques.
Merci de les avoir suivies !