Lymphome 3 : « Allez voir votre médecin traitant »

L’avant-propos se trouve ici.


J’ai mal. Assis dans la voiture qui m’amène vers le cabinet médical où je vais subir une IRM, j’ai mal. Ma mère trouve, oh joie !, une place toute proche. Nous rentrons, nous nous présentons à l’accueil et, après un petit temps d’attente, je suis pris.

Parmi les scènes qui m’ont marquées, celle-ci est située bien haut.

Comment expliquer ce qu’est une IRM a quelqu’un qui n’en a jamais subi ? On commence par vous faire vous déshabiller, on vous demande si vous avez une intolérance au produit marqueur, si vous portez des trucs métalliques (ceinture, boucle d’oreille, piercing…) et vous rentrez dans une grande salle avec un gros tube creux. On s’assoit sur un lit qui va rentrer dans le tube. Et on vous donne un casque pour protéger vos oreilles.

ZIUM PLUT PLUT PLUT PLUT PLUT ZBA ZBA PZIIIIIIIII ZIUM ZIUM PLUT PLUT PLUT PLUT PLUT…

Imaginez de la techno, de la mauvaise techno, enregistrée par quelqu’un adorant les sons répétitifs. Vous avez une vague idée de ce qu’on peut entendre. Et ça dure de quelques minutes à une heure selon la machine et la taille de la zone à scanner.

Tiens, j’ai trouvé une vidéo avec ce doux bruit. Ne me remerciez pas. Vraiment. :-°

Après cette extraordinaire séance de grande musique, on nous dit d’attendre dans une seconde salle d’attente. Avec ma mère, nous sommes seuls. Je rappelle si vous avez oublié : j’ai mal.

Après un petit moment, voilà le médecin. Il nous dit de le suivre jusque dans son cabinet et nous montre des inflammations, des petits trucs pas normaux autour de ma colonne vertébrale. Le tout est très pédagogique. Il ne sait pas trop à quoi c’est dû, il veut que je fasse, là dans la foulée, une radio. Nous sommes raccompagnés jusque dans la salle d’attente, où une infirmière nous dit qu’il faudra passer à la pharmacie pour leur acheter un produit marqueur (qui doit normalement être apporté lors de l’examen) pour la radio, mais qu’ils en ont d’avance.

Le scanner. C’est plus proche du beignet que du tube et c’est moins bruyant que l’IRM. Le lit (et vous avec) se déplace pour scanner la zone voulue. Les images ne sont nettes que si vous ne bougez pas lors du scanner, d’où les instructions régulières « Inspirez, bloquez,…, …, …, respirez ».

Je repars dans la seconde salle d’attente. J’ai mal.

Assez vite, voici deux médecins qui viennent (le type de l’IRM et du scanner, j’imagine). Monsieur IRM me tend un dossier en me disant : « Allez voir votre médecin traitant. »

Petite parenthèse : lors d’une conversation, le texte, ce qui est dit, ne porte pas tout le sens. Il faut l’intonation, le contexte, les expressions, les mouvements, les mimiques… Pour des raisons de compréhension, le dialogue qui suit vous est donc proposé en deux versions : ce qui est dit, et le sous-texte.

(Médecin) Allez voir médecin traitant. (sous-texte) Dégagez de mon cabinet.
(Moi) Qu’est-ce que j’ai ?
(Médecin) Des ganglions. (sous-texte) Vous allez mourir.
(Moi) Mais c’est normal, ça. (sous-texte) Comment ça je vais mourir ???
(Médecin) Mais ils sont gros. Allez voir votre médecin traitant. (sous-texte) Vous êtes mort, MORT ! Vous pensez que vous êtes vivant, mais c’est illusion, vous êtes foutu ! Partez d’ici, je ne veux plus vous voir. Vous me faites peur, à être déjà crevé à même pas 20 ans.

Je n’ai pas ma carte Vitale (on ne l’a jamais retrouvée, et comme je n’ai eu aucun rendez-vous médical entre mes 16 ans et mes 20, on ne s’en est jamais rendu compte). Nous attendons un moment dans la salle d’attente, le temps qu’ils pressent le CD avec le scanner, mais la presse ne marche plus. Nous partirons sans les CD, en ne payant que les machines (pas les médecins), sans apporter de produit marqueur. Quand je le signale à ma mère, elle me fait remarquer qu’ils n’ont surement pas envie de nous revoir (en fait, elle le sait, ils lui ont dit à l’accueil).

Nous partons chez mon médecin traitant.



12 commentaires

Ouais, CD. Comme dans « CD-Rom ». C’est un support de stockage qui a eu ses heures de gloire entre la disquette et le DVD. :D

La presse étant un moyen de fabrication du CD, j’imagine qu’en vérité, ils gravaient un DVD, mais je suis à peu près sûr que ce n’est pas ce qu’ils nous ont dit. :P

Après tout, mon arrière grand-mère soufflait la lumière (qui était une ampoule électrique) et moi, je passe des coups de fil avec un téléphone portable, donc bon…

+1 -0

IRM de la tête ou de la colonne vertébrale ?

De la colonne vertébrale (thoracique à ce moment-là). J’aurai des IRM allant des cervicales jusqu’en bas de la colonne par la suite, mais jamais de la tête.

Je n’ai jamais eu le droit à de la musique, mais j’ai eu des boules antibruit (et un casque de chantier, une fois…).

+0 -0

Le pire avec l’IRM, à mon sens, ce n’est pas le bruit, c’est plutôt d’être confiné dans un tube, allongé, sans pouvoir bouger (debout, ça irait déjà mieux). J’ai passé plusieurs IRM et scanners durant ma vie pour kyste au cervelet vers l’âge de cinq ans (j’ai toujours la cicatrice sur la nuque vingt ans après) et les IRM étaient absolument traumatisantes contrairement aux scanners où on a pas la sensation d’enfermement. Notez que je ne suis pas claustrophobe.

+1 -0

@TD, bah je préfère l’IRM couché, car tu ne dois pas bouger et ça peut être vraiment long. J’en ai passé un à 6 ans, j’étais vraiment perturbé par le bruit et le faire de ne pas devoir bouger. C’était d’un long, très désagréable surtout aussi jeune.

Bon finalement, je n’avais rien. Mais c’est sans doute le pire examen médical que j’ai subi. :D

+0 -0

Tiens ça fait le bruit d’un labo de physique :p

Alors le petit bruit discret (plum pchi plum pchi plum pchi etc.) derrière le bourdonnement atroce je suis à peu près sur que ce sont des têtes froides, des genres de compresseurs pour maintenir de très basses température (doit y avoir des conducteurs supra dans un irm)

J’ai pas compris pourquoi ils voulaient pas vous revoir ?

J’ai pas compris pourquoi ils voulaient pas vous revoir ?

Point de vue positif : ma mère aurait dû se déplacer, et ils savaient qu’elle avait autre chose à faire vu ce qui m’arrivait.

Point de vue négatif : il y a une peur, une répulsion face au cancer. Certaines personnes ont déjà fait des têtes bizarres en me voyant quand j’étais chauve et sans sourcil. Il n’avait tout simplement qu’une envie : m’oublier. Et s’il fallait perdre un produit marqueur, ce n’était pas grand chose pour ne plus avoir à penser à ça.

+0 -0

@Renault, l’absence de mouvement n’est pas spécifique à l’IRM donc je n’en ai pas tenu compte. Je suis d’accord avec toi sur l’expérience vécue, d’autant plus qu’ayant bougé pour que ça s’arrête, ça avait duré encore plus longtemps. Si demain je devais repasser un tel examen, je serais terrorisé.

Alors le petit bruit discret (plum pchi plum pchi plum pchi etc.) derrière le bourdonnement atroce je suis à peu près sur que ce sont des têtes froides, des genres de compresseurs pour maintenir de très basses température (doit y avoir des conducteurs supra dans un irm)

Vael

Les IRM utilisent bien des supraconducteurs refroidis avec de l’hélium liquide qui circule à l’aide de pompes.

+0 -0

J’ai dû faire un IRM quand j’avais huit ans parce qu’on soupçonnait que je faisais de l’épilepsie (ils n’ont rien trouvé heureusement). Le bruit me rendait tellement fou que j’ai piqué une crise en plein milieu de scan en criant : « SORTEZ-MOI DE LÀ ! ». Le pire c’est que les médecins ne s’en sont même pas rendus compte, étant donné qu’ils étaient enfermés dans leur pièce à regarder leur ordinateur en discutant. Heureusement, après quelques minutes, mon père se trouvait dans la pièce et a remarqué que je bougeais beaucoup et a averti les docteurs.

Qui m’ont dit : « Vu que vous avez bougé, on doit tout recommencer. »

Ils ont dû trouver les scans anormaux pendant les dernières minutes. :P

+2 -0
Connectez-vous pour pouvoir poster un message.
Connexion

Pas encore membre ?

Créez un compte en une minute pour profiter pleinement de toutes les fonctionnalités de Zeste de Savoir. Ici, tout est gratuit et sans publicité.
Créer un compte