Les sports de combat regroupent toutes les disciplines sportives d’affrontement. Cela inclut des disciplines asiatiques, comme le judo ou le karaté, et d’autres européennes, comme la boxe anglaise, la savate boxe française, l’escrime ou la lutte gréco-romaine. Mais il en existe de moins connues bien de chez nous ; laissez-moi vous parler d’un sport que vous ne connaissez peut-être pas : la canne de combat.
Présentation
La canne de combat (canne française) est la pratique de la canne, court bâton en bois de châtaignier de 95 cm de long pour un poids d’environ 130 g (100 g à 200 g selon l’usage, compétition, entraînement ou manipulation).
En France, la canne est gérée par le comité national de canne de combat (CNCCB), affilié à la fédération de savate boxe française et disciplines associées (FSBF&DA ou FFSAVATE). Au Québec, c’est à priori Savate Canada. Je n’ai pas trouvé pour la Belgique. Il n’y à priori pas en Suisse (un seul club de savate). À l’échelle internationale, la discipline est gérée par la fédération internationale de savate.
Certains clubs d’Arts martiaux historiques européens font de la canne (la fédération française, la fédération belge, la fédération suisse).
On retrouve de nombreuses autres pratiques de la canne, et plus encore du baton, ailleurs dans le monde. Citons au moins la canne algérienne, la canne irlandaise ou le Jōdō affilié au kendo. Nous ne parlerons ici que de la canne française, et en particulier de sa forme moderne.
Il s’agit d’un sport mixte, dans lequel la maitrise des coups comme de l’arme est nécessaire. Le principe est celui d’un jeu de touche ; les assauts se faisant sans pause à la touche, le but est de plus toucher son adversaire qu’être touché durant l’échange.
Historique
La canne est utilisée depuis longtemps (ce n’est rien d’autre qu’un court baton), mais c’est au 19e siècle que la canne française se développe fortement. On retrouve plusieurs traités, notamment de Leboucher ou Larribeau, et de nombreuses salles d’armes dédiées à la canne sont présentes en France, en particulier à Paris. L’insécurité des rues parisiennes, avec par exemple les fameux apaches, pousse aussi à apprendre à se défendre, et à avoir un outil pour cela, sachant que le port de l’épée était depuis longtemps interdit.
La canne est encore utilisée jusqu’à la première guerre mondiale dans la formation des conscrits, en tant qu’initiation au sabre. Après celle-ci, la mort de nombreux instructeurs, la fin de l’utilisation du sabre — et donc de la canne à l’armée — diminueront la pratique de cet art.
Il faudra attendre les années 70 pour une première version de la canne moderne, par Bernard Plasait puis Maurice Sarry. Ce dernier fondera les règles encore majoritairement en vigueur aujourd’hui.
C’est quoi ?
Concrètement, c’est quoi, la canne de combat ?
Le principe consiste à toucher avec un coup armé son adversaire, dans des assauts de 1min30 à 2 min, non arrêtés à la touche. Le mot-clé ici est « armé ». Un coup de canne façon baton qui part dans tous les sens (comme les enfants) n’est pas efficace si on cherche le côté martial, et n’est pas lisible si on cherche le côté sportif. On fait donc de grands moulinets, mais avec une vitesse telle que ce n’est plus si lisible que ça !
Mais ça tourne, ça saute, ça mouline, c’est joli. Et efficace. Histoire de voir à quoi ça ressemble, voici la final des mondiaux 2022 par équipe :
Pour info, les compétiteurs sont avec tenue de protection, casque et gants, mais la pratique en club peut se faire sans.
La convention
La canne de combat est une arme avec convention. Celle-ci tient principalement en 3 points :
- les trajectoires doivent être horizontales ou verticales (pas de coups en diagonal) ;
- il faut armer ses coups avec une rotation complète de la canne derrière la ligne de corps ;
- le premier qui arme prend la priorité, il faut parer l’attaque adverse avant de riposter (pas de double touche).
Auxquels il faut ajouter les cibles valides, à savoir :
- la tête, sauf la nuque ;
- le corps, sous les épaules, jusqu’à la ceinture ;
- entre les genoux et les chevilles (exclus).
Les coups en jambe devant se faire en position de fente.
On a ainsi 6 coups : horizontal, vertical remontant, vertical descendant, pouvant se faire du côté qui tient la canne ou du côté opposé. C’est un répertoire technique plutôt limité, il va donc falloir jouer sur autre chose. Les déplacements, les feintes de cibles, les changements de vitesse, jouer avec la priorité… On profite de l’aspect lisible, parfois même exagéré, pour donner de fausses informations, ou pour pousser l’adversaire à trop anticiper.
On a une pratique très cadrée, accessible, tout en laissant beaucoup de possibilités de jouer.
Quelques images pour finir
Pour des vidéos de canne moderne, le mieux est d’aller sur canne.tv.
La vignette est tirée de Barton Wright, Self-defence with a Walking-stick: The Different Methods of Defending Oneself with a Walking-Stick or Umbrella when Attacked under Unequal Conditions.
Voilà pour cette présentation de la canne de combat. Si vous vouez en savoir plus, le bon endroit est le site du comité de canne qui contient toutes les infos nécessaires, en particulier, où pratiquer en France.