Découverte du langage Pony

Bonjour et bienvenue. Dans cet article, nous allons parler du langage Pony, un jeune langage fort sympathique.

Pony est un langage open-source focalisé principalement sur la programmation concurrente sûre et rapide. Dans cet article, nous explorerons les moyens de Pony pour accomplir cet objectif, en plus de détailler les bases de la syntaxe et de la sémantique du langage. Nous verrons aussi les avantages et inconvénients de Pony par rapport à des langages similaires.

Afin de pouvoir suivre cet article sans trop de difficultés, il est recommandé au lecteur de posséder une certaine assise dans au moins un langage de programmation. Être familier avec les principes et problèmes de la programmation concurrente peut également être bénéfique, même si nous détaillerons quelques points fondamentaux.

Préambule, la programmation concurrente

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de présenter le langage Pony, faisons un détour pour parler de la programmation concurrente, le principal domaine visé par Pony.

La programmation concurrente consiste en la composition de différentes tâches s’exécutant indépendamment dans un même système, tout en pouvant communiquer et se synchroniser entre elles. L’implémentation réelle derrière cette notion de tâche peut varier (thread, acteur, coroutine, etc.), pour simplifier nous considérerons les tâches comme des fonctions et les systèmes comme des programmes dans les exemples de cette section. La programmation concurrente a plusieurs avantages, notamment le fait de pouvoir paralléliser le système en exécutant plusieurs tâches en même temps (par exemple, exécuter une tâche sur chaque cœur d’un processeur).

Un point important de la programmation concurrente est l’indépendance des tâches et de leur exécution, comme illustré ci-dessous.

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fonction tache_A
  action_A1
  action_A2
  action_A3

fonction tache_B
  action_B1
  action_B2
  action_B3

Nous avons ici deux tâches, que nous allons exécuter de manière concurrente sans synchronisation. Le déroulement de l’exécution n’est pas déterministe, on peut donc obtenir un déroulement différent à chaque lancement du programme. Par exemple, quelques cas possibles :

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cas 1         | cas 2         | cas 3
  action_A1   |     action_B1 |   action_A1
  action_A2   |   action_A1   |   action_A2
    action_B1 |     action_B2 |   action_A3
  action_A3   |   action_A2   |     action_B1
    action_B2 |     action_B3 |     action_B2
    action_B3 |   action_A3   |     action_B3

De plus, l’exécution des différentes sous-tâches ne forme pas forcément un entrelacement, il est possible que plusieurs sous-tâches (appartenant à différentes tâches) s’exécutent en même temps.

Bien que cette indépendance offre une grande flexibilité, elle est aussi la source de la majorité des problèmes introduits par la programmation concurrente. Par exemple, que se passerait-il si, étant donné une donnée accessible par plusieurs tâches, une des tâches accédait à cette donnée alors qu’une autre tâche est en train de la modifier ? En général, on ne peut pas prévoir. Ce genre de chose s’appelle une data race (ou race condition) et est la source de l’écrasante majorité des bugs dans les programmes concurrents.

Pour éviter ces problèmes, il existe plusieurs méthodes.

  • Synchroniser les accès aux données partagées. Il s’agit ici d’utiliser différents procédés (mutex, opérations atomiques, etc.) permettant d’éviter la modification d’une donnée en même temps que son accès par une autre tâche. Cette méthode est la plus courante dans les langages comme C et introduit une ribambelle de nouveaux problèmes complexes que nous ne détaillerons pas ici.
  • Interdire totalement les données mutables. Puisqu’une data race peut se produire uniquement lors de la modification d’une donnée, ne pas disposer du concept de modification règle le problème. C’est la méthode de choix dans les langages fonctionnels.
  • Interdire les données mutables partagées. Légère variante du point précédent, on est ici plus permissif sur les données locales à une tâche. Il s’agit de l’approche choisie par Pony.

Pony en quelques mots

Si l’on devait résumer Pony en quelques caractéristiques, le langage serait à acteurs, orienté objet, capability secure, statiquement et fortement typé, avec quelques éléments fonctionnels. Si ces termes ne vous sont pas familiers, pas d’inquiétude, nous détaillerons par la suite. L’implémentation de référence du langage est compilée et fonctionne actuellement sur x86 et ARM (32 et 64 bits dans les deux cas).

Le langage est le fruit du projet de doctorat de Sylvan Clebsch. Il a commencé à travailler sur les concepts derrière Pony en 2011 et le langage est open-source depuis 2015. C’est donc un langage très jeune, mais issu de récents travaux de recherche académique. Les plus grandes inspirations de Pony ont été les travaux sur les acteurs (par Carl Hewitt à l’origine1 et étendus par Gul Agha2) et sur la sécurité basée sur les capabilities (formalisée par Mark Miller3). La thèse de S. Clebsch, bien qu’actuellement non finalisée, est disponible sur Github.

La philosophie Pony est « get stuff done », que l’on pourrait approximer par « faire et achever des choses ». Le langage est un outil pour résoudre des problèmes spécifiques. En particulier, l’un des problèmes visés par Pony est « comment construire un modèle de concurrence sûr et performant ? » Les armes de Pony pour répondre à ce problème sont séparées principalement en deux champs.

Un système de types puissant

Pony dispose d’un système de types offrant un certain nombre de garanties. En particulier :

  • Le typage est statique. Autrement dit, le compilateur connaît le type de chaque objet à chaque instant du programme. Cela permet des vérifications de types très poussées à la compilation ;
  • Le typage est fort. La conversion entre types se fait toujours de manière explicite et les opérations classiques (arithmétique, concaténation de chaînes de caractère, etc) se font généralement sur des objets de même type, afin de réduire les erreurs d’inattention. De plus, il est impossible de contourner les garanties proposées. En particulier, le forgeage de référence est interdit. Si un objet est accessible dans une fonction, il y a été créé ou a été passé en paramètre. Ce dernier point participe à l’aspect capability secure du langage, terme sur lequel nous reviendrons ;
  • Pas de data races, avec une vérification complète à la compilation via une partie du système de types nommée reference capabilities. Il s’agit également d’une propriété associée à la capability security de Pony ;
  • Pas de pointeurs invalides, de dépassements de tampon, etc. Le pointeur nul n’existe pas et un programme ne plante jamais, sauf dans les cas extrêmes d’épuisement de la mémoire disponible ;
  • Toutes les exceptions doivent obligatoirement être traitées.

Ce système de types est également très expressif, avec notamment la présence de sous-typage structural, de types algébriques et de types génériques. Nous détaillerons tout cela par la suite.

Un modèle naturellement concurrent

Pony est un langage à acteurs (concrétisation des « tâches » de la section précédente). Un acteur est assez similaire à une classe (au sens programmation orientée objet) mais dispose de propriétés supplémentaires très intéressantes. Voyons cela à travers un Hello world en Pony.

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actor Main
  new create(env: Env) =>
    env.out.print("Hello world!")

À la première ligne, nous déclarons un acteur nommé Main via le mot-clé actor. Vient ensuite la déclaration du constructeur create avec le mot-clé new. Un programme Pony commence dans le constructeur de l’acteur Main. Ce constructeur prend un paramètre de type Env, qui contient entre autres les arguments de la ligne de commande et les accès à l’entrée et à la sortie standard (les variables globales n’existent pas en Pony, on peut donc obtenir ces éléments uniquement via un paramètre). Le corps du constructeur, comme vous l’aurez sûrement deviné, permet d’afficher « Hello world! » sur la sortie standard. Cette ligne contient néanmoins une particularité.

Quel est le type de env.out et comment est déclaré env.out.print ?

Vous aurez probablement du mal à répondre à cette question, voici donc la réponse. env.out est du type StdStream et StdStream.print est déclaré de la manière suivante.

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actor StdStream
  be print(data: ByteSeq)

Nous avons donc affaire à un autre acteur et à un nouveau mot-clé, be. Celui-ci permet d’introduire un behaviour, qui est une fonction asynchrone. Lorsqu’un behaviour est appelé, celui-ci n’est pas exécuté immédiatement. À la place, un message est envoyé à l’acteur correspondant, qui exécutera son behaviour après avoir reçu ledit message. Pour en revenir à notre histoire de Hello world, l’appel de print envoie un message à l’acteur env.out, qui exécutera le behaviour après avoir reçu ledit message. Le texte n’est donc pas affiché immédiatement, mais peut-être longtemps après que Main.create ait fini son exécution. Un constructeur d’acteur est un behaviour, la création d’acteurs est donc également asynchrone.

Quelques propriétés sont à noter à propos des acteurs et de leurs behaviours.

  • Un acteur donné ne peut pas exécuter plus d’un behaviour au même moment. Autrement dit, le traitement des messages reçus est séquentiel ;
  • Un nombre indéterminé de behaviours (sur des acteurs distincts) peuvent s’exécuter simultanément ;
  • Un acteur donné ne peut accéder qu’à son propre état, jamais à l’état d’autres acteurs ;
  • Pendant son exécution, un behaviour ne peut jamais observer de modification qu’il ne réalise pas lui-même.

L’acteur est donc l’unité de la concurrence, séquentiel seul, massivement concurrent à plusieurs. Ce paradigme permet d’exprimer naturellement la concurrence sans s’encombrer de la gestion manuelle de threads.

Une autre propriété des acteurs de Pony est la causalité des messages. Derrière ce nom compliqué se cache un principe simple. Si l’on dispose de trois acteurs, A, B et C, que A envoie un message à B puis un message à C, et qu’en réponse à ce message C envoie un message à B, alors B recevra le message de A avant le message de C. Plus généralement, il s’agit d’une relation de cause à effet où, pour chaque acteur, chaque message envoyé ou reçu est causé par tous les messages précédemment envoyés ou reçus, si les origines et destinations correspondent.

Les messages asynchrones sont le seul moyen de communication entre acteurs. Il n’y a pas d’état partagé ou futures bloquants. Le système ne peut donc jamais se retrouver en situation d’interblocage.

Il n’existe pas de terme courant pour la distinction modèle/instance (à la manière de classe/objet) pour les acteurs, et « acteur » peut désigner un modèle ou une instance. Vous verrez parfois le terme « objet actif » pour une instance d’acteur et « objet passif » pour une instance de classe.

Et pour quelques types de plus

Le système de types de Pony est très riche. Cette section présente les principales catégories de types et des exemples de cas d’utilisation.

Classes

En plus des acteurs, Pony dispose de classes, celles-ci étant introduites sans surprise par le mot-clé class.

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class Counter
  var _count: U64
  let step: U64

  new create(init: U64, step': U64) =>
    _count = init
    step = step'

  fun value(): U64 =>
    _count

  fun ref increment() =>
    _count = _count + step

La seule différence entre acteurs et classes et que ces dernières ne peuvent pas disposer de behaviour, mais uniquement de fonctions synchrones. On utilisera une classe plutôt qu’un acteur pour représenter une donnée « passive », qui ne peut pas recevoir de messages.

Dans cette classe Counter, nous commençons par déclarer deux champs, _count et step. Si un champ débute par un tiret-bas, il est privé, dans le cas contraire il est publique. Un champ (ou une variable locale de fonction) déclaré var est ré-assignable tandis qu’un champ déclaré let ne l’est pas.

Un constructeur, introduit par new, nommé create ici, initialise simplement les champs. Tous les champs d’un objet doivent être initialisés dans le constructeur, ou le programme ne compilera pas. Une classe ou un acteur peut avoir plusieurs constructeurs, dont les noms sont libres.

Une fonction introduite par fun, comme value, est une fonction classique, synchrone. Les acteurs peuvent aussi disposer de fonctions. Détail syntaxique, la valeur de retour d’une fonction est la dernière expression de son corps.

La déclaration de la fonction increment contient un ref. Pour simplifier, cela signifie que la fonction souhaite modifier son receveur, et que celui-ci doit donc être mutable dans la fonction appelante (par défaut, une fonction ne peut pas modifier son receveur). En réalité, ref est une reference capability et a des implications complexes sur lesquelles nous reviendrons.

Il n’est pas possible d’hériter d’une autre classe, Pony préférant la composition à l’héritage. Pour compenser, il existe un système d’interfaces et de traits, dont nous allons parler dans quelques instants.

Primitives

Il existe un troisième membre dans le club des types de base de Pony, la primitive, introduite par le mot-clé primitive. Une primitive peut disposer de fonctions, mais pas de champs. De plus, il n’existe qu’une instance de chaque primitive. Cela signifie que le constructeur d’une primitive donnée renverra toujours la même référence. Les primitives ont plusieurs utilités.

  • Une valeur singleton. Par exemple, la bibliothèque standard contient la primitive None, utilisée pour les objets « sans valeur » ;
  • Une énumération, en formant une union de plusieurs primitives. Nous présenterons les unions par la suite ;
  • Une collection de fonctions. Les fonctions globales n’existent pas en Pony. Une primitive peut être utilisée pour regrouper des fonctions sur le même thème.

Interfaces et traits

Les interfaces et les traits sont très similaires, ils permettent de définir une liste de fonctions dont un type doit disposer pour implémenter l’interface ou le trait.

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interface Stringable
  fun string(): String

trait Adder
  fun ref add(n: U64)

Une interface introduit une relation de sous-typage structurel. Tout type, passé, présent ou futur, qui dispose d’une fonction fun string(): String est Stringable.

Le sous-typage introduit par un trait est nominal. Un type doit explicitement spécifier qu’il est un Adder, même si il dispose d’une fonction fun ref add(n: U64).

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class A is Adder
  fun ref add(n: U64)

class B
  fun ref add(n: U64)

Ici, A est un Adder, ce qui n’est pas le cas de B.

Le choix entre un trait et une interface dépend de ce que l’on souhaite faire du type. Un trait empêche l’inclusion accidentelle de types et permet donc de contrôler toutes les relations de sous-typage si l’on a besoin de cette sûreté. À l’inverse, une interface est beaucoup plus flexible et peut par exemple être utilisée avec un type défini dans une bibliothèque externe.

Types composés

Pony dispose de plusieurs sortes de types composés (ou algébriques).

  • Les n-uplets. Un n-uplet est une séquence de types. Par exemple, ("ABC", U64(42)) est un objet de type (String, U64). On peut utiliser un n-uplet pour retourner plusieurs valeurs d’une fonction, par exemple.
  • Les unions. Un objet du type union (A | B) est soit de type A, soit de type B. Un exemple d’application de ce genre de type est un type optionnel, par exemple (MonType | None).
  • Les intersections. Un objet du type intersection (A & B) est à la fois du type A et du type B. Ce genre de types est principalement utilisé en tant que contrainte sur les types génériques.

Types génériques

Pony permet de définir des types génériques, soit des types paramétrés selon d’autres types. La généricité peut se trouver au niveau d’un type ou au niveau d’une fonction. Par exemple, le type Array de la bibliothèque standard est défini comme ceci.

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class Array[A]

Ici, A est le type générique. On peut également poser des contraintes sur un type générique.

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fun record[A: Stringable](obj: A)

A doit donc obligatoirement être un sous-type de Stringable. Les opérations possibles sur un type générique correspondent aux opérations possibles sur sa contrainte, et un type sans contrainte dispose de très peu d’opérations possibles.

Où l'on parle d'expressions

Opérations de base

Pony dispose des opérations arithmétiques et logiques classiques. Une différence importante est néanmoins à noter par rapport à la plupart des langages : la priorité des opérateurs n’existe pas et il faut placer des parenthèses dans toutes les expressions à plus de deux opérateurs. La raison derrière cela est la volonté de réduire la charge cognitive sur le programmeur, les règles de priorité des opérateurs étant assez compliquées à retenir parfaitement (que la personne n’ayant jamais fait de man operator jette la première pierre).

Parlons également des comparaisons. Il est possible de réaliser un test d’égalité structurale (opérateur ==, ces objets contiennent-ils les mêmes données ?) ou identitaire (opérateur is, ces références désignent-elles le même objet ?).

Structures de contrôle

Comme tout langage impératif qui se respecte, Pony dispose de conditions.

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if x then
  foo()
elseif y then
  bar()
else
  baz()
end

Un bloc if est une expression et renvoie la valeur de la dernière expression de la branche empruntée. Si il n’y a pas de else et qu’aucune branche n’est prise, None est renvoyé.

Concernant les boucles, on en trouve plusieurs sortes.

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while x do
  foo()
end

for elem in array.values() do
  foo()
end

repeat
  foo()
until x end

On peut utiliser break et continue pour respectivement sortir d’une boucle et passer à l’itération suivante. Toutes ces boucles sont des expressions et peuvent disposer d’un bloc else renvoyant une valeur si on n’entre pas dans la boucle, ou si on sort de la boucle avec un break sans opérande.

Chaînage de méthodes

Le chaînage de méthodes permet de réaliser plusieurs appels successifs sur un objet sans que la méthode ait à renvoyer son receveur.

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obj.>m1().>m2()
// Équivalent à
obj.m1()
obj.m2()
obj

Filtrage de motifs

Pony dispose d’un mécanisme de filtrage de motifs, où il est possible de filtrer sur des valeurs et sur des types, avec des gardes et des captures.

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let x: (String | None) = get_x()

match x
| None => foo()
| "abc" => bar()
| let s: String if s.contains("str") => baz()
else
  bat()
end

Une expression match renvoie la dernière expression de la branche empruntée.

Objets littéraux

Parfois, créer un objet d’un type anonyme à la volée s’avère très pratique. Pony a le bon goût de proposer cela.

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let obj = object
  let x: String = mystring

  fun ref foo(n: U64) =>
    x.append(n.string())
end

Créer des lambdas est également possible (il s’agit en fait d’un sucre syntaxique pour un objet littéral).

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let lbd = {(s: String)(env) => env.out.print(s) }
lbd("Hello")

Cette lambda prend une String en paramètre et capture env depuis le champ lexical de la fonction où l’on se trouve.

Application partielle

Toujours dans les éléments fonctionnels, on peut trouver l’application partielle de fonctions.

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class Foo
  fun foo(x: U64, y: U64): U64 =>
    x * y

class Bar
  fun bar() =>
    let obj = Foo.create()
    let part = obj~foo(2)
    part(5)

Évaluer part(5) revient à évaluer obj.foo(2, 5).

Exceptions

Les exceptions en Pony sont particulières, elles n’ont ni type ni valeur. Elles sont levées par la directive error et rattrapées dans un bloc try .. else .. end.

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try
  if y == 0 then
    error
  end
  x / y
else
  foo()
end

Il n’est pas obligatoire de traiter l’exception dans la fonction où elle est levée. Pour cela, la fonction doit être marquée partielle avec le signe ?. L’appel d’une fonction partielle doit se trouver dans un bloc try ou dans une autre fonction partielle. Un behaviour ne peut pas être partiel, ce qui fait qu’une exception ne peut pas s’échapper et causer une erreur d’exécution.

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fun div(x: U64, y: U64): U64 ? =>
  if y == 0 then
    error
  end
  x / y

Reference capabilities, vous dites ?

Avant de parler reference capabilities, parlons simplement capabilities.

Dans la sécurité basée sur les capabilities, une capability est un élément non-forgeable qui associe une référence vers une entité à l’ensemble des opérations autorisées sur l’entité à travers la référence. Cela permet de limiter l’autorité ambiante d’une référence (les actions possibles avec une autorisation implicite) et d’expliciter les droits dont dispose cette référence. Autrement dit, pour pouvoir effectuer une action, un élément d’un système doit en avoir obtenu l’autorisation d’un autre élément ayant lui même le droit d’effectuer l’action. Ce concept a été utilisé au départ dans les systèmes d’exploitation ; par exemple un descripteur de fichier est une référence associant un fichier à un ensemble de droits d’accès, droits cédés ou non en fonction de l’identité de l’utilisateur.

On retrouve ce concept, souvent inconsciemment, dans la plupart des langages de programmation. En effet, un objet typé est une capability qui associe un emplacement en mémoire à un ensemble de fonctions appelables sur l’objet. On parle d’object capability, concept que le langage E a été le premier à définir formellement. Un langage (ou un système en général) est dit capability secure si les règles des capabilities sont incontournables. Par exemple, le C n’est pas capability secure car on peut forger des références via le transtypage de pointeurs.
Pony fait partie des langages capability secure, à la fois dans ses object capabilities et dans ses reference capabilities, dont nous allons parler immédiatement.

La littérature francophone sur les capabilities étant très réduite, il n’existe pas de traduction standard pour le vocabulaire du domaine.

Les reference capabilities à proprement parler

Les reference capabilities de Pony sont des capabilities qui permettent de prouver l’absence de data races à la compilation. Ce sont des annotations de type (à la manière de const en C++) ; et elles sont au nombre de six : iso, trn, ref, val, box et tag.

  • Une référence iso, trn ou ref est mutable, elle permet de lire, écrire et de connaître l’identité de l’objet associé (opérateur is) ;
  • Une référence val ou box est immutable, elle permet de lire et de connaître l’identité de l’objet associé ;
  • Une référence tag est opaque, elle permet uniquement de connaître l’identité de l’objet associé.

Ces propriétés sont déjà intéressantes, mais la force des reference capabilities vient de ce qu’elles interdisent plutôt que de ce qu’elles autorisent aux alias d’une référence. Deux références sont des alias si elles ont la même identité (si elles désignent le même objet). Du point de vue d’une référence donnée, un alias est local si il se trouve dans le même acteur, et distant si il se trouve dans un autre acteur. Pour chaque reference capability, on introduit des règles sur les types d’alias qui ne peuvent pas exister. En terme de capabilities, une reference capability associe une référence vers un objet à l’ensemble des alias interdits pour cette référence. Pour nos reference capabilities et avec une référence R se trouvant dans un acteur quelconque :

  • Si R est une référence iso, aucun alias en lecture ou en écriture ne peut exister, local ou distant. Un objet référencé par une référence iso est profondément isolé, aucun objet en dehors de la « bulle » composée de l’iso et de ses sous-objets ne peut accéder à quelque chose dans la « bulle », et vice-versa ;
  • Si R est une référence trn, les alias distants en lecture et en écriture ainsi que les alias locaux en écriture ne peuvent pas exister. On peut utiliser trn pour construire une structure de données au fur et à mesure, puis « abaisser » la référence en une référence immutable. Cela permet notamment la création de structures de données cycliques immutables ;
  • Si R est une référence ref, les alias distants en lecture et en écriture ne peuvent pas exister. ref est le plus proche d’une référence dans un langage orienté objet classique comme Java et peut être aliasé très librement dans l’acteur courant ;
  • Si R est une référence val, les alias locaux ou distants en écriture ne peuvent pas exister. Là où iso est profondément isolé, val est profondément immutable : l’objet et ses sous-objets sont constants. De plus, cette immutabilité est irréversible, un objet val (ou un de ses sous-objets) ne deviendra jamais mutable.
  • Si R est une référence box, les alias distants en écriture ne peuvent pas exister. box représente l’immutabilité locale. La mutabilité réelle de l’objet importe peu, une référence box a uniquement besoin de lire. C’est un peu comme const en C++.
  • Si R est une référence tag, aucun type d’alias n’est interdit. tag transporte simplement l’information sur l’identité d’un objet. Toutes les reference capabilities peuvent avoir un alias tag.

Et en image, la matrice d’interdictions :

alias globaux

lect. et ecr. interdites

ecr. interdite

rien d’interdit

alias locaux

lect. et ecr. interdites

iso

S/O

S/O

ecr. interdite

trn

val

S/O

rien d’interdit

ref

box

tag

référence mutable

référence immutable

référence opaque

Si tout cela n’est pas clair, le tableau suivant résume les différentes propriétés en terme d’alias autorisés plutôt qu’interdits.

référence

alias local

alias global

alias tag

lecture

écriture

lecture

écriture

iso

trn

ref

val

box

ou

tag

À travers cela, deux propriétés générales se dessinent.

  • Si un acteur dispose d’une référence en lecture sur un objet, aucun autre acteur ne peut disposer d’une référence en écriture ;
  • Si un acteur dispose d’une référence en écriture sur un objet, aucun autre acteur ne peut disposer d’une référence en lecture.

Et voilà, ces propriétés, combinées au fonctionnement des acteurs, sont suffisantes pour s’assurer l’absence de data races grâce au système de types.

Afin de maintenir les garanties des reference capabilities, le langage impose des restrictions sur les types de références transmissibles entre acteurs (c’est à dire passables en paramètre de behaviour).

  • tag n’offre aucun accès en lecture ou en écriture. La transmission de tag est donc possible ;
  • val offre un accès en lecture et garantit qu’aucun accès en écriture n’existe dans le programme. La transmission de val est possible ;
  • iso offre un accès en lecture et en écriture et garantit qu’aucun autre accès n’existe dans le programme. À condition que l’émetteur ne conserve pas de référence, la transmission d’iso est possible. Détruire une référence est possible grâce à un élément du langage nommé lecture destructive.

Plus généralement, il s’agit des reference capabilities qui interdisent la même chose aux alias locaux et aux alias globaux (la diagonale dans la matrice d’interdictions). En effet, dans ces cas là, l’acteur qui possède la référence n’entre pas en ligne de compte.

Il est donc possible de transmettre des données mutables, immutables ou opaques et ce sans aucune copie, ce qui est très important pour les performances. Les reference capabilities n’ont aucun surcoût à l’exécution, toutes les vérifications nécessaires étant réalisées à la compilation.

Pour faire un détour par les fonctions, le ref de fun ref est la reference capability ref. Cette annotation sur une fonction signifie donc en réalité que l’objet receveur de la fonction (this) doit être d’un type compatible avec ref lors de l’appel.

Concernant les acteurs, puisqu’un acteur ne peut pas examiner l’état des autres acteurs mais doit pouvoir examiner son propre état, un acteur voit tous les autres acteurs en tant que tag et se voit lui-même en tant que ref (this est ref dans un behaviour). Contrairement à d’autres langages à acteurs, les acteurs sont donc entièrement intégrés dans le système de types en Pony.

Si vous êtes intéressés par les aspects formels des reference capabilities, vous pouvez vous diriger vers le papier à ce sujet.

Quand sûreté rime avec performances

Toutes ces garanties sont intéressantes à avoir, mais l’intérêt du langage serait fortement diminué si les performances s’en retrouvaient impactées. En réalité, la sûreté apportée permet l’implémentation très efficace de plusieurs éléments de l’environnement d’exécution.

En général

L’implémentation de référence de Pony est entièrement compilée. Les optimisations du compilateur (via LLVM) permettent la production de binaires très efficaces, notamment grâce à l’analyse d’alias très poussée fournie par les reference capabilities. En cas de besoin, il est possible d’appeler des fonctions C avec un système de FFI. Pony utilise l’ABI C pour ses propres fonctions, appeler une fonction C n’a donc aucun surcoût.

L’environnement d’exécution peut lancer un nombre arbitraire de planificateurs, chacun dans un thread système. Chaque planificateur possède d’une file d’acteurs disposant de behaviours à exécuter et traite cette file jusqu’à l’arrêt du programme. Un planificateur sans acteur à traiter peut en obtenir un depuis un autre planificateur. Tous ces algorithmes sont entièrement non-bloquants et sont synchronisés avec des opérations matérielles atomiques, ils sont donc très rapides. La répartition des acteurs sur différents planificateurs est ce qui permet la scalabilité virtuellement infinie de Pony.

Les objets transmis dans les messages ne sont jamais copiés, contrairement à d’autres langages à acteurs. Cela est possible grâce aux reference capabilities, qui garantissent l’inexistence d’un état mutable partagé.

Le ramasse-miettes

Le ramasse-miettes de Pony est un peu particulier. Il est entièrement concurrent, non-bloquant et basé sur les messages entre acteurs. Un acteur peut effectuer un cycle de collection pour libérer les objets inutilisés qu’il a alloué (même s’ils ont été transmis à d’autres acteurs) lorsqu’il n’est pas en train d’exécuter un behaviour. La collection ne requiert pas l’examen de l’état d’autres acteurs grâce aux garanties des reference capabilities et de la causalité des messages. Lors de l’exécution d’un behaviour, les opérations relatives au ramasse-miettes (comptage de références) sont réalisées uniquement lors de l’envoi de messages, ce qui fait que l’exécution d’un behaviour est toujours déterministe. Les messages du ramasse-miettes sont envoyés à la fin d’un cycle de collection et n’attendent pas de réponse. L’acteur est donc immédiatement disponible pour exécuter un nouveau behaviour, sans phase de synchronisation.

Une variante de l’algorithme est appliquée à la collection des acteurs eux-mêmes. Pour les connaisseurs d’Erlang ou autre, cela signifie qu’il n’y a pas besoin de poison pills en Pony ; un acteur est supprimé lorsqu’il peut prouver qu’il n’exécutera jamais de nouveau behaviour. Ici aussi, tout est basé sur des échanges de messages. Un acteur spécial dédié à la détection de cycles entre acteurs est intégré au processus.

Les détails du ramasse-miettes sont disponibles dans plusieurs papiers, pour les objets et pour les acteurs.


Des benchmarks sur les performances de l’implémentation de Pony sont disponibles dans le papier sur les reference capabilities.

Pony est-il le bon outil pour vous ?

Bien que Pony se veuille généraliste, le langage est plus adapté à certaines catégories applications qu’à d’autres. Un domaine où Pony brille est une application hautement concurrente et asynchrone, avec des besoins de haute performance et de temps réel souple. Par exemple, une application de traitements financiers, un système de gestion de base de données ou un serveur de jeu vidéo multijoueur.

Les programmes Pony ne sont pas formellement vérifiés, mais les diverses garanties de sûreté offertes par le langage en font un bon candidat pour des systèmes critiques.

La bibliothèque d’exécution du langage (écrite en C) est utilisable indépendamment du compilateur pour les projets ne pouvant pas (ou ne souhaitant pas) utiliser le langage lui-même. Dans ce cas, les garanties des reference capabilities doivent être maintenues par le programmeur sans l’aide du compilateur.

Comparé à d’autres langages à acteurs, Pony a plusieurs avantages, que ce soit au niveau de la sûreté ou au niveau des performances. Par rapport à des langages comme Erlang, Pony ne copie jamais le contenu des messages et peut collecter les acteurs automatiquement. Par rapport à des langages comme Scala/Akka, Pony interdit le partage d’état mutable et rend donc les data races impossibles.
La garantie de causalité des messages peut être soit un avantage soit un inconvénient selon les besoins de votre application.

Pony est proche de Go dans la problématique visée, mais les deux langages divergent totalement dans leur réponse à cette problématique. Là où Pony est basé sur un système de communication entièrement asynchrone et non-bloquant, Go prend l’approche inverse avec des communications uniquement bloquantes. De plus, Go dispose de moins de garanties que Pony, les data races et l’interblocage étant possibles.

Certains domaines ne sont absolument pas adaptés à Pony.

  • Les paradigmes synchrones et bloquants. À part via un appel FFI, réaliser une opération bloquante est impossible en Pony. Ce n’est de toute façon pas quelque chose de souhaitable étant donné que cela bloquera un des planificateurs et réduira donc le degré de parallélisme.
  • La programmation système. Pony n’offrant aucun accès direct à la mémoire, une application système en Pony devra toujours être interfacée avec une couche écrite dans un langage disposant de ces accès.
  • Le temps réel strict. En raison du fonctionnement des acteurs, il est impossible de garantir un délai entre l’envoi d’un message et le début de l’exécution du behaviour correspondant. En revanche, un behaviour isolé peut remplir une condition de temps réel strict, le ramasse-miettes n’interrompant jamais un behaviour.

Nous sommes arrivés au terme de cette présentation du langage Pony. N’hésitez pas à installer le compilateur, à jeter un œil au tutoriel officiel (bien plus détaillé que cette présentation rapide) et à essayer le langage. Vous pouvez aussi faire un tour sur la liste de diffusion ou le canal IRC.

Pony est un langage jeune et en pleine évolution. Le langage n’a pas encore atteint la version 1.0 et les API n’ont pas encore de garanties de stabilité. Néanmoins, il montre une certaine maturité en étant déjà utilisé en production dans des applications professionnelles (en finance, principalement).

De nombreuses évolutions sont à venir prochainement, en particulier la version distribuée de la bibliothèque d’exécution, qui permettra d’exécuter un programme Pony sur un cluster de manière transparente (le code source est indépendant du nombre de machines à l’exécution), et un système de types dépendants de valeurs, permettant d’utiliser des valeurs au lieu de types en paramètres génériques.

Certains concepts du langage, notamment les reference capabilities, sont compliqués à appréhender mais le raisonnement vient en général rapidement. D’ailleurs, si vous avez déjà fait une certaine quantité de programmation concurrente, vous pensez déjà reference capabilities sans le savoir !

Si vous souhaitez contribuer au langage, il y a toujours quelque chose à faire, que ce soit au niveau des nouvelles fonctionnalités (via un processus de RFC), des bugs à corriger ou de la documentation à améliorer.

L’icône de l’article est dérivé de la mascotte de Pony. L’œuvre originale par Jason Hoogland et l’icône réalisé pour l’article sont sous licence CC-BY 4.0.

8 commentaires

J’imagine que face à un aussi bon et aussi clair article, les gens n’ont pas de commentaires à faire. ;) Il n’empêche qu’il mérite d’être dit :

Merci pour ce bel article de qualité. :)

J’ai apprécié les efforts que tu as fait pour rendre accessible des questions complexes, comme tout ce qui attrait à la concurrence (qui ce soit les problème que cela pose, ou les moyens de les résoudre). Quand j’aurai à faire du calcul massivement parallélisé (ce qui m’arrivera très certainement un jour), je regardais plus avant Pony en parallèle de MPI.

+9 -0

Merci pour cet article.

Le concept de reference capability semble être une solution élégante à plusieurs problèmes de programmation concurrente. Et comme laissé entendre dans l’article, c’est un peu comme une formalisation de plusieurs bonnes pratiques. En cela ça me fait penser un peu à Rust, où le concept de borrowing était présenté comme une formalisation de bonnes pratiques dans les langages systèmes (comme le C). Et pourtant il semble coutume pour n’importe quel débutant en Rust d’avoir à se battre avec le borrow checker, même pour les programmeurs systèmes expérimentés. Est-ce que l’on peut s’attendre au même genre d’expérience avec Pony? Est-ce que quelqu’un avec une certaine expérience en programmation concurrente doit s’attendre à se battre avec le compilateur pour exprimer quelque chose qui lui semble naturel?

Sinon ça peut paraître un peu stupide comme question, mais trn est une abbréviation de quoi? Je vois d’où provient le nom des autres reference capabilities, sauf celle-là.

Autre question peut-être encore plus stupide (et superficielle): pourquoi le nom Pony? Honnêtement avec un nom pareil (et une telle mascotte) je ne m’attendais pas à lire un article sur un langage sérieux qui propose des concepts utiles.

Le concept de reference capability semble être une solution élégante à plusieurs problèmes de programmation concurrente. Et comme laissé entendre dans l’article, c’est un peu comme une formalisation de plusieurs bonnes pratiques. En cela ça me fait penser un peu à Rust, où le concept de borrowing était présenté comme une formalisation de bonnes pratiques dans les langages systèmes (comme le C). Et pourtant il semble coutume pour n’importe quel débutant en Rust d’avoir à se battre avec le borrow checker, même pour les programmeurs systèmes expérimentés. Est-ce que l’on peut s’attendre au même genre d’expérience avec Pony? Est-ce que quelqu’un avec une certaine expérience en programmation concurrente doit s’attendre à se battre avec le compilateur pour exprimer quelque chose qui lui semble naturel?

Je ne connais pas extrêmement bien Rust donc je ne vais pas vraiment pouvoir comparer. Les reference capabilities demandent effectivement un petit temps d’adaptation, surtout avec les messages d’erreur du compilateur qui ne sont pas toujours aussi clairs qu’on le voudrait pour un débutant. En général les hobbyistes mettent de une à deux semaines avant de programmer confortablement avec les bases.

Pour les personnes qui ont l’habitude de la programmation concurrente, ça dépend de ce que tu appelle naturel. Quelqu’un qui essaie de raisonner thread et mutex en Pony va vite rencontrer un mur vu que le langage ne propose pas ces concepts, mais quelqu’un qui est familier avec l’asynchrone et l’évènementiel aura je pense des facilités.

Sinon ça peut paraître un peu stupide comme question, mais trn est une abbréviation de quoi? Je vois d’où provient le nom des autres reference capabilities, sauf celle-là.

Ça correspond à « transition ». On utilise ce nom parce qu’en général, trn est utilisé comme état temporaire d’une référence, pour avoir un accès en écriture pendant un certain temps et ensuite pouvoir consommer la référence vers une référence globalement immutable val (en détruisant le seul accès en écriture représenté par trn). Malgré tout, ça reste assez rare de croiser trn dans un code du monde réel.

Autre question peut-être encore plus stupide (et superficielle): pourquoi le nom Pony? Honnêtement avec un nom pareil (et une telle mascotte) je ne m’attendais pas à lire un article sur un langage sérieux qui propose des concepts utiles.

Ça vient des conversations clichées sur les langages du genre :

  • A : « Les langages actuels sont pourris, je veux un langage avec ça, ça et ça. »
  • B : « Oui, et moi je veux un poney. »
+3 -0

C’est marrant ; je me suis mis très récemment à Elixir et je suis incroyablement frustré par l’absence de système de type (sachant que je n’arrive même pas à faire fonctionner Dialyzer, qui est un analyseur statique pour essayer de faire un peu de typage quand même). Je ne dis pas, c’est pratique de pouvoir faire des tests crados dans un repl, mais y en aurait moins besoin avec du typage m’est avis huhu.

Du coup, quand je lis « Un système de types puissant », ça fait tilt dans ma tête… bon par contre, je doute que Pony aie un équivalent d’OTP d’Erlang et plus généralement un écosystème bien moindre.

+0 -0

je doute que Pony aie un équivalent d’OTP d’Erlang et plus généralement un écosystème bien moindre.

lthms

Oui, pour l’écosystème c’est un des points noirs actuellement. Pour un équivalent à OTP en particulier, c’est en progrès. Il y a un talk de l’année dernière qui en parle brièvement, à 45 min.

+0 -0

En même temps, c’est normal pour l’écosystème. De ce que j’en comprends, Pony est un langage avant tout venu du monde académique et donc jeune de ce point de vue. Ça reste un effet de seuil assez classique : l’écosystème moindre freine l’adoption, ce qui freine l’étoffement de l’écosystème.

Merci pour l’article en tout cas, je prendrai peut-être le temps un jour de regarder sérieusement Pony (je ne suis plus à l’apprentissage d’un langage près huhu).

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Salut !

Je tombe sur ton article suite à quelque recherche sur Pony :)

Je suis particulièrement intéresse par ton passage sur le Garbage Collector de Pony !

Mais j’ai du mal à comprendre en quoi il est différent des autres sur l’impact des performances par exemple ( pas sûr d’être clair, dit moi si tu ne comprends pas )

Globalement, tu conseilles Pony pour quel type d’application actuellement ? Réseau ? GUI ? Jeux ?

Merci à toi ;)

Salut @Absolute, désolé de ne pas avoir répondu plus tôt, je viens de voir ton message.

La principale différence avec les algos de GC classiques c’est que ceux-ci travaillent sur tout le programme en même temps (i.e. on alterne des périodes de travail et des périodes de GC, mais on ne fait jamais les deux en même temps), alors que le GC du runtime Pony travaille par thread (i.e. chaque thread alterne travail et GC, mais au niveau du programme entier on peut avoir M threads qui travaillent et N threads qui GC en même temps.)

Pour les types d’applications, globalement tout ce qui est event-based, particulièrement lorsque l’application est composée de plein de traitements indépendants (on reçoit des données, on fait un traitement dessus et on passe le résultat quelque part.)

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