Si la pub pouvait ne plus être la principale source de revenus de nombreux sites, nous en sortirions tous grandis. La pub est une violence qui ne profite qu'à ceux qui ont les moyens de la payer, toujours à l'encontre du particulier.
Sur le Web, dans la presse papier, dans les applis mobiles, dans les rues, la pub nous entoure en permanence. Elle est omniprésente et c'est une véritable agression. Bien sûr la violence la plus évidente est celle des pop-up fluos, voir brayantes, qui nous explosent à la face lors d'un surf innocent. Mais finalement cette violence là est la moins grave car on la remarque : on ferme le site agresseur, on peste un bon coup, et ça repart. Rebelote trois sites plus loin, mais on s'en remet. Mais la violence de la pub est bien plus pernicieuse en réalité. Tout d'abord, on l'accepte : cela ne choque plus grand monde que les couloirs du métro (et les métros eux-mêmes) soient bardés de panneaux plus ou moins immenses. Ça fait partie du paysage, depuis toujours et pour toujours. J'ai compté un matin : entre chez moi et mon lieu de travail, je croisais plus de 100 panneaux de pubs (Banlieue -> Paris, RER A et métro 1). 100 panneaux, tous les matins, autant tous les soirs. L'air de rien, l’œil est attiré, le cerveau fonctionne à plein régime selon les principes marketing conçus pour cela. L'air de rien, le soir, sans que je ne l'ai voulu un seul instant, j'ai en tête plusieurs marques débiles, plusieurs "idées sortie" tout sauf originales, plusieurs promos dont je n'ai rien à faire mais qui vont tout de même me faire envie. Et en plus de cela, toutes ces sollicitations non désirées m'ont fatiguées. Des centaines de messages s'adressant directement à moi toute la journée, c'est usant. Oui, la pub est une véritable violence.
De plus, la pub est un pur produit de la logique capitaliste. Elle rapporte gros et est d'autant plus efficace qu'elle touche beaucoup de monde et coûte donc plus cher. Résultat : les gros qui peuvent la payer s'enrichissent quand les petits survivent comme ils peuvent avec leur audience minuscule. L'exemple que j'aime bien pour illustrer cela est celui de la musique : combien, parmi tous les groupes que vous préférez, sont ceux dont vous voyez régulièrement des pubs ? La réponse tend vers 0 n'est-ce pas ? Par contre des Christophe Maé, des Nolwenn Leroy, on y a droit à la pelle ! Bizarrement, ils n'ont pas été cités dans le topic Mettons en musique la communauté, mais ceux sont eux qui s'en sortent le mieux. La pub, c'est l'étouffement des petits talents au profit des gros générateur à caca. Elle nivelle par le bas. Aujourd'hui on voit des records d'audience devant des The Voice ridicules, créés dans le seul but d'y intercaler, devinez quoi, des spots de pub.
Et comme si ça ne suffisait pas, la pub amène avec elles d'autres maux. Rapidement :
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La pub est anti-écologique : tonnes de journaux gratuits type 20 minutes ou Métro (qui ne sont que des torchons de pubs), panneaux vidéo sur-consommateurs en énergie qui se multiplient comme des lapins, boîtes aux lettres qui débordent de prospectus… A une époque où les inquiétudes relatives à l'environnement, quoi qu'on en pense, sont reconnues et alarmantes, un tel gâchis est un non-sens incompréhensible. Au-delà de tout ça, la pub pousse, par définition et par nature, à la sur-consommation, ce qui n'aide pas les choses.
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La pub est sexiste : les femmes s'occupent du linge et les voitures intéressent ces messieurs. Mais dans quelle époques les marketeux vivent-ils ? C'est simple : à une époque où ces clichés simplistes raisonnent dans nos têtes et aident à faire passer le message publicitaire. Le problème, c'est que cela contribue à véhiculer ces clichés dans la société. Le schéma est d'ailleurs le même pour d'autres clichés pervers : standardisation d'une beauté artificielle à base de peau lisse et de minceur, glorification de la puissance virile des grosses cylindrées, etc.
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La pub est souvent destinée aux enfants : il suffit d'allumer la télé à l'heure du goûter pour se rendre compte que la pub s'attaque également aux enfants, qui devraient être les premiers protégés de tels messages. Alors bien sûr, il "suffit" de ne pas mettre son gosse devant la télé. Mais alors que faire avec les panneaux de pubs en 4x3 juste à côté des écoles ? Au passage, ces panneaux (comme bon nombre des panneaux près des monuments historiques) sont illégaux. Que font les villes contre ça ? Rien. Pourquoi elle ferait quoi que ce soit d'ailleurs ? Finalement, ce n'est "pas gênant".
Je m'écarte un peu du sujet du financement des sites Web, mais un système qui reposerait principalement sur la publicité serait un système pourri de l'intérieur, qu'il faudrait urgemment réinventer.