Bonjour à vous,
C’est à un véritable défi pédagogique que je m’attaque aujourd’hui : en effet, chaque domaine de connaissance a sa bête noire, que la plupart des apprenants redoutent. Vous savez, le genre de sujet que les gens mettent parfois des années à piger et qui laissent les enseignants et autres pédagogues désarmés… Par exemple, dans une autre vie, une de ces bêtes noires pédagogiques était pour moi la POO : j’étais devenu un véritable expert de toutes les mauvaises façons de l’enseigner et de l’aborder, sans pour autant me sentir capable de faire mieux.
Mais en musique, et plus particulièrement en harmonie, cette bête noire porte un nom : c’est la modalité. Ces dernières années, j’ai consulté peut-être des centaines d’ouvrages et de vidéos pédagogiques sans qu’aucune de ces ressources ne soit capable, à mes yeux, de rendre ce concept réellement compréhensible du premier coup : on finit toujours par se perdre dans des histoires de modes dits "grecs", de gammes que l’on joue sans partir de la tonique, et c’est seulement une fois saturés de vocabulaire et de règles de calcul mental que l’on est enfin exposé à son utilisation concrète.
Le concept de modalité est pourtant enfantin : un élève de primaire peut le comprendre ! Mais il est compliqué à enseigner pour une raison simple : il mobilise deux cerveaux à la fois. D’un côté, il s’agit d’apprendre à mettre des noms précis sur des émotions parfois complexes que l’on n’est pas habitué à identifier, et de l’autre, l’appliquer demande d’apprendre ni plus ni moins que des règles de calcul mental par coeur jusqu’à ce qu’elles deviennent un réflexe.
Et les gens n’aiment pas le calcul mental ni le par cœur.
Ou alors ils aiment ça mais se focalisent tellement dessus qu’ils passent à côté de l’essentiel, ce qui ne les avance pas vraiment.
Alors voici ma propre tentative, non pas de vulgariser (même si elle est accessible à tous, aucune approximation ni simplification n’est faite dans cette vidéo), mais d’expliquer la modalité en me concentrant sur l’essence de ce concept, sans tomber dans l’écueil des listes de modes et des règles de calcul, sans simplifier le propos au point d’être inexact ou trop spécifique.
Pour cela, je pars d’un problème très simple : la musique d’animé comporte très souvent des morceaux à la mélodie "japonisante" sur une gamme 5 notes, mais harmonisée à l’occidentale sur une gamme de 7 notes. Il faut donc choisir 2 notes pour compléter la gamme.
Cela veut dire que chaque thème composé de cette façon peut être coloré de 4 façons distinctes, correspondant à 4 émotions distinctes, et autant de possibilités pour raconter la même histoire. En gros : chaque thème de ce style (et ils sont nombreux) est, par nature, l’occasion pour le compositeur de faire un choix entre 4 atmosphères, et c’est l’exploration de ce choix que je propose ici.
Un choix restreint, beaucoup d’écoute, aucun calcul, et un répertoire qui parle beaucoup, à beaucoup de gens… Je pense que je m’approche de la bonne formule !