À l’occasion d’une discussion entre zesteux sur les hobbies, j’avais parlé de mon goût pour la calligraphie, en détaillant un peu les influences qui m’intéressaient.
Après coup, je me suis dit qu’il serait tout aussi bien de partager ce goût avec un peu plus de détails et d’assiduité : je vais donc tenter le coup avec ces "Zeste de Calligraphie", que je poursuivrai ou non selon l’enthousiasme qu’ils génèrent.
Comme il s’agit du premier épisode, je vais spécifier mon histoire avec la calligraphie, pour mettre au clair un certain nombre de points.
Bonne lecture !
- D'où je viens : récit d'un autodidacte
- Où je suis : première séance
- Où je vais : objectifs à court terme
D'où je viens : récit d'un autodidacte
Pourquoi s’intéresser à la calligraphie ?
Mon intérêt pour la calligraphie est à lier à ma passion pour l’histoire (notamment le Moyen-Âge), les langues anciennes (surtout surtout le latin), les manuscrits poussiéreux (🎜 Un jour mon article sur le Manuscrit de Voynich viendra 🎜). Bref, c’est en quelque sorte le rejeton d’un intérêt intellectuel, mué en intérêt esthétique.
Mais l’intérêt, pour moi, est qu’il s’agit de quelque chose de physique, de matériel, pour changer mon habitude de jongler sans cesse avec des concepts abstraits : enfin quelque chose de concret − comme j’ai pu faire avant cela du modélisme, du piano, etc.
Anamnèse d’apprentissage
Avant tout, tuons une première idée reçue : il ne faut pas forcément bien écrire pour faire de la calligraphie. J’écris comme un petit cochon, et je dessine guère mieux. Je sais à peine tenir un pinceau, et j’ai toujours manqué de soin. Et j’ai très facilement la tremblotte 1.
Donc, de base, rien ne me prédisposait à ça.
Pendant mon enfance, j’ai pourtant croisé un ouvrage pour enfants où ils donnaient quelques astuces élémentaires pour faire de la calligraphie (comment tracer les i en gothique, etc.), bref, le B.A.-BA. Je m’y suis intéressé un temps, puis j’ai oublié.
C’est durant des partiels, il y a environ un an, que tout s’est débloqué. Pour des personnes comme moi, c’est terrible, les partiels : on passe 20 minutes à répondre au sujet, puis on doit attendre que le reste de l’heure s’écoule pour pouvoir partir. Alors, comme mes brouillons sont systématiquement vierges, je trace des choses au pif dessus. Dans le cas présent, il s’agissait de calligraphie. Et j’ai bien aimé.
À partir de ce moment, j’ai commencé à orner mes prises de note de calligraphie, généralement en latin, quelquefois en allemand, en italien, en russe ou en grec. Par la suite, j’ai appris à écrire le tengwar (non sans difficultés, car le tengwar d’Eregion n’est pas franchement le même que celui du noir-parler). Je n’ai que très peu regardé de cours de calligraphie, et je n’en ai strictement rien retenu : j’ai surtout procédé par essai-erreur, en essayant d’avoir des lettres qui présentaient bien.
Le problème, alors, était le matériel : je n’avais aucun stylo spécialisé, aucune encre, rien. Je faisais tout au bic et au crayon de papier, en tâchant d’avoir un rendu convaincant (cf ci-dessus) : d’où ma demande, à ce Noël, d’avoir du matériel adapté. Je n’ai pas été déçu.
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Je m’excuse donc par avance de ce que les photos prises soient floues : il ne m’est pas facile d’avoir un rendu net. ↩
Où je suis : première séance
Matériel
J’ai reçu, dans l’ordre :
- Un porte-plume ;
- 4 plumes différentes. Ce sont toutes des plumes pointues, c’est-à-dire qu’elles ont a peu près la même tête que les plumes habituelles de stylo-plume, en opposition aux plumes carrées, dont le bout est plat. De facto, certaines polices d’écriture me sont plus indiquées que d’autres (ce n’est pas avec une telle plume qu’on va écrire en alphabet gothique). Si cela vous intéresse, vous pouvez lire cette page pour avoir quelques détails sur les plumes de calligraphie.
- Une calame en bois, que je n’ai pas franchement examinée ;
- Un pinceau fin ;
- 5 encres différentes : bleu, violet, deux nuances de marron et de l’encre de Chine.
Réalisations
Premiers errements
Je n’ai pas trop su par quoi commencer. J’ai griffonné quelques lettres sur un papier normal, histoire de me familiariser avec le matériel : changeant de plume, j’ai fini par en trouver une qui me convenait.
Première observation : le papier normal, c’est bien, mais seulement pour l’entraînement. L’encre, surtout quand il y en a trop (ce qui arrive souvent au début), se diffuse par capillarité dans le papier et donne une sorte d’auréole frisée à la lettre : pas franchement esthétique :/ . Des feuilles plus imperméables, de type Canson, se révèlent plus adaptées pour ce travail.
Me cantonnant à l’alphabet latin, je me suis vite rendu compte que la plume n’était pas adaptée aux polices qui me sont familières (type Gothique, avec un peu plus de lissage). Enfin, au moins, j’ai pu pondre cela :
Passage au tengwar
Curieux, j’ai commencé à écrire en tengwar, pour voir ce que ça donnerait. J’ai donc pris le poème de l’Anneau, histoire de m’amuser un peu. Comme j’écrivais le poème de mémoire, mon tengwar était tout rouillé :
Bon, esthétiquement, ça rendait plutôt bien, mais les lettres étaient écrites sans régularité, un peu dans le désordre : j’ai donc entrepris de ré-écrire la chose (correctement, cette fois) avec des lignes de construction. Dans ma hâte, j’ai écrit des bêtises :
Et en reprenant avec plus d’application :
Vous pouvez noter quelques traînées d’encre, par-ci par-là : c’est que j’ai gommé les traits de construction un peu trop vite, et que certains coins de lettres n’étaient pas tout à fait secs… Pour ma défense, cependant, je m’auto-cite :
Ça n’était pas grand-chose mais, satisfait, j’ai décidé qu’il y avait eu assez de tengwar pour la journée.
"Enluminure" ? Parlons plutôt d’une tentative…
Je suis revenu à l’alphabet latin, en cherchant la meilleure manière d’utiliser les encres marron. L’enluminure me semblait une bonne piste.
Comme il s’agissait d’un brouillon, j’ai tracé les bords de ma lettre à enluminer (un "D" majuscule) au bic noir (plus simple que l’encre de Chine), et j’ai compartimenté la lettre en zones 1 et 2 (chacune étant à remplir avec une nuance de marron). J’ai rempli (très maladroitement) les compartiments au pinceau, et voici le résultat :
Même si l’idée était potable, le rendu laissait à désirer… J’ai décidé d’en rester là.
</calligraphy>
Où je vais : objectifs à court terme
Premier point, pour peu qu’on s’en donne la peine, le tengwar rend bien avec cette plume : c’est à exploiter. [Spoiler alerte : Le prochain billet portera sur une calligraphie en tengwar, dont je suis particulièrement satisfait ].
Deuxième point, les plumes que j’ai ne sont pas adaptées aux alphabets latins dont j’ai l’habitude. Il me faut donc trouver des polices d’écritures plus compatibles, ainsi que des plumes biseautées (= coupées).
Troisième point : il faut que je m’intéresse de près à la calame, elle peut me fournir de nouvelles perspectives.
Quatrième point : il faut vraiment que j’apprenne à tenir un pinceau.
Point final : Le prochain billet arrive très bientôt .
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