Mes quelques vacances en Suède m’avaient permis de découvrir Stockholm et Kiruna, mais la majeure partie du pays m’était toujours inconnue. Mes parents qui avaient initialement prévu de me rendre visite à Noël ont reporté leur venue au mois de juin. Pendant leur séjour de deux semaines nous irions visiter les régions du sud du pays, notamment les côtes.
Le mois de juin marquait la fin de l’année scolaire : après une période d’examens débutée fin mai, j’étais en effet en vacances à partir du 3 juin. En fin de mois je serais de retour en France, loin de ce pays dont je comptais bien profiter une dernière fois avant qu’il ne commence à me manquer.
C’est donc le 4 juin 2014 que je prenais la route – une nouvelle fois – pour Stockholm, afin d’y retrouver mes parents.
It’s the final countdown.1
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Saviez-vous qu’Europe était un groupe suédois ? Bon, et je ne résiste pas à l’envie de vous mettre le lien vers la chanson : https://www.youtube.com/watch?v=9jK-NcRmVcw ↩
- Stockholm et sa région
- Soleil de minuit
- Un tour sur la côte ouest
- Côtes du sud-est
- Retour dans les terres
Stockholm et sa région
Arrivé à Stockholm en fin d’après-midi, je m’étais tout de suite rendu à l’auberge de jeunesse pour y attendre mes parents arrivant un peu plus tard par bus depuis l’aéroport d’Arlanda.
Ça me laissait un peu de temps pour finir d’écrire ce bout de code que j’avais commencé plus tôt dans la journée. Contrairement à mes voyages précédents, j’avais en effet cette fois-ci décidé d’emmener avec moi mon ordinateur portable, ne sachant pas vraiment de quoi seraient faites les soirées au milieu de la campagne suédoise.
J’ai seulement fait l’erreur de trimbaler cette brique de 3kg sur le dos dans un sac inconfortable pendant toute la première journée, ce qui m’a valu un petit mal de dos pendant une semaine.
Cette nouvelle excursion à Stockholm était l’occasion de visiter quelques musées supplémentaires, comme le moderna museet situé sur l’île de Skeppsholmen, et de découvrir de nouveaux quartiers tels que Södermalm, partie sud du centre-ville autrefois assez pauvre mais aujourd’hui plutôt hipster.
Après trois jours passés à Stockholm, nous avons pris le bus pour Arlanda où nous avons récupéré notre voiture de location. C’est avec celle-ci que nous continuerons notre voyage, et nous viendrons la ramener à ce même aéroport lors de notre départ.
Nous sommes ensuite passés à Sigtuna, charmante petite ville suédoise fondée à la fin du Xème siècle, considérée alors comme la plus ancienne du pays. Elle a aujourd’hui perdu de sa splendeur, mais reste connue pour les pierres runiques que l’on peut y trouver. Ce sont des pierres où sont inscrits des messages dans un ancien alphabet germanique.
Puis nous avons continué la route au nord pour rejoindre Uppsala. Celle-ci est réputée pour son université mais aussi pour sa cathédrale, la plus grande du pays, juchée au sommet d’une colline dominant la ville.
Une autre caractéristique d’Uppsala est que la ville a été déplacée au XIIIème siècle. Ça a l’air d’être une pratique courante en Suède. À quelques kilomètres de là on trouve donc le village de Gamla Uppsala, à l’ancien emplacement de la ville d’Uppsala, constitué de quelques bâtisses et d’une église. Celle-ci, construite au XIIème siècle, a probablement remplacé un ancien temple païen, Uppsala étant parfois considérée comme le berceau du paganisme suédois.
Gamla Uppsala est aussi connue pour ses trois tertres funéraires, collines artificielles recouvrant des tombeaux. Certaines légendes racontent que seraient enterrés ici Thor, Odin et Freyr. Rien que ça !
Nous dormions une nuit en auberge de jeunesse au centre-ville d’Uppsala, où nous avons été quelque peu déconcertés par la taille de la chambre : celle-ci contenait tout juste deux lits (dont un superposé), un de chaque côté de la pièce, séparés par une allée de la largeur de la porte. Soit une pièce d’environ 3 mètres sur 2 où il est impossible de faire demi-tour en ayant une valise à la main… sympathique.
Soleil de minuit
Le lendemain, après nous être extirpés de notre chambre, nous avons poursuivi notre route vers le Nord, passant par Gävle – une petite ville commerçante où nous avons pu prendre une fika – avant d’atteindre Falun, en Dalécarlie (Dalarna).
La Dalécarlie, c’est cette région où l’on trouve les petits chevaux de bois peints en rouge, les dalahästar. Falun, sa capitale, abritait la plus grande mine de cuivre du pays (dite grande montagne de cuivre), fermée à la toute fin du XXème siècle. Bien qu’elle ne soit plus exploitée aujourd’hui, on y extrait toujours les pigments de rouge de Falun, la fameuse peinture rouge recouvrant tous les édifices suédois (ou presque).
Nous nous sommes renseignés lors de notre passage sur les horaires de visite de la mine, afin de pouvoir y revenir deux jours plus tard.
Et nous avons ensuite rejoint Rättvik, au bord du lac Siljan. Ce lac, que je vous présentais déjà dans mon premier billet, est issu d’un impact de météorite. Nous avions deux nuits à y passer, dans un chalet au sein d’un camping au-dessus du lac.
La première nuit à Rättvik fut probablement l’une des pires que j’ai eue à passer en Suède, les torts sont partagés entre le virus du rhume que ma mère a pensé à m’apporter depuis la France et l’étanchéité légendaire des volets suédois. Mais c’est malgré tout l’endroit que j’ai préféré dans le pays : simplement pour le lac Siljan, véritable miroir où se reflétaient les couleurs crépusculaires du soleil de minuit, que j’ai trouvé magnifique.
C’est en effet à Rättvik que j’ai vécu mes journées les plus longues, entre le 8 et le 10 juin 2014 le soleil ne s’y couchait qu’à 22h30 pour se lever à 3h30, autant dire qu’il ne faisait complètement nuit que pendant une durée très réduite. Alors ce n’est pas encore exactement ce qu’on appelle un jour polaire (la ville étant de toute manière située au sud du cercle polaire arctique), mais nous n’étions pas loin d’une nuit blanche.
Après un tour du lac pour notamment découvrir la ville de Mora et l’île de Sollerön, nous sommes revenus vers le sud jusqu’à Kristinehamn, une petite ville sans grand intérêt qui se plaçait sur notre route, sur les berges du lac Vänern (le plus grand lac de Suède). Nous y dormions dans un ancien couvent réhabilité en auberge de jeunesse, qui en avait néanmoins conservé quelques coutumes, comme celle de placer des nouveaux testaments sur les tables de nuit.
Après cette brève escapade nous avons continué à longer le lac Vänern par Mariestad, Husaby puis Lidköping (avec un « d » et non un « n » !), où nous avons déjeuné et brièvement visité la ville, avant de reprendre la route.
Sur une presqu’île au sud du lac nous sommes ensuite allés à la rencontre du château de Läckö, un ancien château fort médiéval (XIIIème siècle) qui revêt aujourd’hui plutôt une apparence renaissance, due à sa reconstruction au XVIIème.
Nous quittions ensuite la région la région des lacs pour nous rendre sur la côte ouest.
Un tour sur la côte ouest
Dans l’après-midi nous arrivions à Göteborg (prononcer « ieu-te-borg »), deuxième ville du pays, située sur l’estuaire du fleuve Göta älv. Ce fleuve est celui par lequel se déversent les eaux du lac Vänern.
Le port de Göteborg est aussi le plus important de Suède, servant notamment de plate-forme pour l’expédition des véhicules Volvo. C’est autour de cette activité portuaire que s’est construite la ville.
Détruite début XVIIème siècle lors de la guerre de Kalmar1, elle est ensuite reconstruite et fortifiée dans les années 1620. Croisement culturel important de par sa géographie et son histoire, Göteborg reste aujourd’hui encore une ville très riche culturellement parlant. On y trouve par exemple un musée des beaux-arts, notamment connu pour ses toiles scandinaves de la fin du XIXème siècle.
Göteborg est aussi une ville où l’on peut lire sur la façade d’un bâtiment les trente premiers termes de la suite de Fibonacci.
À l’ouest de la ville se trouve le Cattégat (ou Kattegat), nom donné à la mer étroite comprise entre la Suède et le Danemark. C’est au long de celui-ci que se poursuit notre voyage. Les paysages de ce littoral alternent entre plages de sable fin et roches brutes, parsemées de réserves naturelles pour la protection du paysage, des oiseaux et animaux marins.
C’est donc sur une plage du Cattégat que nous avons fait notre arrêt suivant, histoire d’y tremper les pieds.
Puis nous sommes allés visiter Varberg et sa forteresse, un imposant édifice construit au XIIIème siècle pour se protéger des danois. Autre particularité de Varberg : la présence d’un ensemble thermal de style oriental… sur pilotis, au-dessus de la mer.
À quelques kilomètres se trouvait la ville de Falkenberg, dont l’Église Saint-Laurent renferme d’anciennes fresques de 1500, longtemps recouvertes de plâtre.
Continuant à longer la côte, nous nous sommes naturellement retrouvés sur la péninsule de Bjäre, reflétant les aspects sauvages dont je parlais plus haut. De même pour la péninsule voisine de Kullen, dans un genre un peu différent.
Les falaises ne semblaient pas effrayer les vaches qui pâturaient par là.
Notre journée s’achevait à Helsingborg, ville suédoise qui fait face à son homologue danoise d’Helsingør, de l’autre côté du détroit de l’Öresund.
Le lendemain nous reprenions la route vers Lund, en passant par la citadelle de Landskrona : une construction qui rappelle l’histoire danoise de la région (la Scanie a longtemps fait partie du Danemark, avant d’être rattachée à la Suède en 1658).
Lund est une importante ville universitaire du pays, de construction très ancienne (des vestiges attestent de la présence au Ier siècle du village d’Uppårka au même emplacement), mais qui fut en majeure partie détruite au Moyen Âge et lors de conflits plus récent.
Elle abrite la plus grande université de Scandinavie, qui a notamment vu passer Carl von Linné.
La vie étudiante était présente à chaque coin de rue ce jour là, puisque fêtant l’acquisition de leur diplôme, les lauréats défilaient dans la ville déguisés sur des chars.
Notre excursion sur la côte ouest prenait fin à Malmö, à la pointe sud-ouest du pays. La ville est reliée au Danemark, et plus particulièrement à sa capitale Copenhague, par un pont-tunnel traversant le détroit.
Dans les années 1960 ont été découvertes à Malmö les plus anciennes traces de vie humaine en Suède, datées de -9000. Malmö partage sinon une histoire similaire à celle de Lund, ville voisine dans le même comté. On trouve aussi dans la ville la plus ancienne pharmacie du pays.
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Je reviendrai plus tard sur ce conflit. ↩
Côtes du sud-est
Nous quittons maintenant le Cattégat et l’Öresund pour la Baltique, au bord de laquelle nous trouvons Ystad, une petite ville à l’extrême sud de la Scanie. C’est là que nous passerons notre prochaine nuit, dans un camping en bord de mer. La ville est surtout connue pour ses nombreuses maisons à colombages.
À une quinzaine de kilomètres à l’est d’Ystad se trouve le site d’Ales stenar, dans le village de Kåseberga. Il s’agit d’une soixantaine de mégalithes disposés en ellipse sur le haut d’une colline et alignés selon les équinoxes, dont l’origine reste inconnue.
Par la suite nous avons continué vers Simrishamn où nous avons pu déguster les pavés de hareng et saumon fumés que nous avions achetés dans les environs de Kåseberga. Délicieux !
Plusieurs châteaux se dressent de long de la côte sud, nous avons ainsi croisé le château de Glimmingehus à Simrishaln et celui de Vittskövle à Kristianstad. Glimmingehus est le château médiéval le mieux préservé de Suède, construit au début du XVIème siècle. Vittskövle quant à lui est d’architecture Renaissance, lui aussi l’un des mieux conservés du pays.
Après un passage par Karlskrona et son musée de la marine, nous arrivions ensuite à Kalmar.
Kalmar est une ville très importante dans l’histoire suédoise et scandinave. Elle donne premièrement son nom à l’Union de Kalmar, confédération formée par les trois royaumes scandinaves (Danemark, Norvège et Suède) entre 1397 et 1523 qui fut signée dans la ville. À la suite de plusieurs interruptions, l’Union est finalement rompue par la prise d’indépendance de la Suède, les deux autres royaumes restant unis.
Moins d’un siècle plus tard éclate la guerre de Kalmar, opposant la Suède au Danemark (et donc à la Norvège, toujours territoire danois) suite à l’annexion par la Suède de territoires du nord de la Norvège afin de bénéficier de nouvelles voies maritimes pour le commerce. Cette guerre donna lieu au siège de Kalmar, en 1611. Ce sont finalement l’Angleterre et les Pays-Bas, impliqués par les problématiques de commerce en mer Baltique, qui feront plier le Danemark. Le traité de paix de Knäred fut finalement signé en 1613, mettant fin au siège de Kalmar.
En face de Kalmar se trouve l’île d’Öland, grande île du sud-est du pays, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, accessible via un pont de 6km de long. L’île est parsemée de plusieurs centaines de moulins à vent, qui en font sa réputation. Tout comme à Ales stenar, on trouve aussi quelques menhirs et dolmens, tels le monolithe de Grönhögen.
Retour dans les terres
Après deux nuits à Kolbodabaden pour profiter du sud-est et le visiter, il était temps d’entamer le chemin du retour. Celui-ci se faisait nécessairement par Linköping, où il me fallait rassembler mes affaires avant le grand départ. Linköping était l’occasion d’en visiter une dernière fois la cathédrale, la vieille ville, ainsi que de faire un tour du côté du musée municipal.
Nous n’avons pu nous empêcher sur la route de faire un stop chez Ikea afin d’en rapporter quelques souvenirs.
Après une nuit à Linköping et une autre à Nyköping, nous rejoignions l’aéroport d’Arlanda où nous attendait notre avion retour. Il ne nous restait plus qu’à régler quelques formalités comme la restitution de la voiture de location, avant d’entamer le voyage retour.
Ces deux semaines ont marqué l’achèvement de mon année suédoise. Mais la fin proprement dite sera l’occasion du sixième et dernier billet.