Ce n’est pas rien, un an à passer en Suède.
Il m’aurait était difficile, voire impossible, d’y rester tout ce temps sans aller jeter un œil du côté du Grand Nord.
Les paysages de Laponie des différentes photos que j’avais pu voir m’avaient attiré dès le début, mais il me fallait traverser tout le pays pour m’y rendre. J’attendais alors la meilleure occasion possible pour organiser ce voyage et partir découvrir le pays du Père Noël.
Celle-ci n’a heureusement pas tardé à se présenter, prolongeant alors l’hiver suédois qui s’était depuis terminé – dommage diront certains, puisque la période des aurores boréales se finit avec l’hiver.
- Un ami m'a donné rendez-vous
- Stockholm l'incontournable
- Voyage au nord du cercle polaire
- Au Nord, c'étaient les élans
Un ami m'a donné rendez-vous
Quand on part vivre un an à l’étranger, on sait que l’on va mettre en suspens ses relations, que toutes vont prendre un peu de distance (c’est le cas de le dire). On continue de se parler, grâce à tous les moyens de communication à notre portée, mais on ne se voit plus trop. C’est aussi ça le dépaysement.
Je suis parti en Suède seul. J’avais évoqué avec quelques amis se rendant dans d’autres pays d’Europe du Nord la possibilité de nous retrouver quelque part, de nous rendre mutuellement visite, mais ça ne s’est jamais réalisé.
Contre toute attente, un soir d’octobre, juste avant mon voyage à Stockholm, je découvre dans ma boîte aux lettres le courrier d’un très bon ami pour mon anniversaire.
Il m’y explique qu’il aimerait venir passer une semaine avec moi en Suède, pour me voir et découvrir une partie du pays.
Je lui réponds par email dès la réception de cette lettre, et nous convenons très vite d’une date pour ce voyage : ce sera la semaine de Pâques, du 20 au 27 avril, où nous serons tous deux en vacances.
Partageant avec lui l’amour des étendues gelées, l’idée d’une excursion en Laponie s’impose alors comme une évidence. Nous nous retrouverions à Nyköping (où il atterrirait) et prendrions la direction de Stockholm, avant de continuer notre route vers Kiruna, ville minière du nord du pays, au cœur de la Laponie suédoise.
Stockholm l'incontournable
Comment organiser un voyage en Suède sans passer par Stockholm ? La capitale se trouvait sur notre chemin vers la Laponie, les vols pour Kiruna se faisant uniquement depuis Arlanda, l’aéroport au nord de Stockholm. Il aurait alors été dommage de simplement traverser la capitale pour nous rendre à notre correspondance sans prendre la peine d’y faire un tour. Aussi, nous n’avions probablement pas besoin d’une semaine complète pour visiter Kiruna et ses environs.
C’est pourquoi nous avions décidé de passer un peu de temps à Stockholm, à l’aller comme au retour. Après avoir récupéré mon ami à l’aéroport, nous sommes arrivés en bus le dimanche après-midi. Le décollage pour Kiruna ne se faisait que le lundi en fin de matinée, et nous avions donc devant nous une petite demi-journée pour flâner en ville.
En plus, cette fois-ci, il faisait beau. Nous avons alors profité de ce bel ensoleillement pour visiter la ville d’extérieur. Les bâtiments ont quand même un meilleur aspect sous le soleil que sous la pluie, et la balade est bien plus agréable.
La visite fut assez brève, nous contentant de passer à côté des bâtiments et lieux emblématiques tels que décrits dans un précédent billet, ainsi que quelques parcs dans le nord du centre-ville.
Ayant été pleinement satisfait par l’auberge de jeunesse lors mon précédent séjour, c’est encore elle que j’avais choisi pour les trois nuits que nous aurions à passer à Stockholm.
Vannés par notre journée de voyage, nous n’avons pas tardé à rejoindre notre chambre et nous coucher. Le lendemain serait encore une grande journée.
Voyage au nord du cercle polaire
Nous avons donc décollé pour Kiruna le lundi matin, pour y arriver vers midi. Sur place, nous nous sommes premièrement dirigés vers l’agence de location pour récupérer la voiture que nous avions réservée et qui nous permettrait de faire le tour de la région. En effet, il nous fallait être véhiculés pour visiter les environs, et ce n’est pas la région où les transports en commun sont les plus développés.
Après cela, direction Kiruna centre, où se trouvaient encore des monticules de neige, et notre auberge de jeunesse1. Pas de dortoir ou autres salles communes ici, nous avions accès à un vrai appartement privatif avec cuisine et salle de bain.
La seule difficulté était qu’il nous fallait obtenir les clefs auprès du gérant, un autochtone parlant assez mal l’anglais. Je ne me souviens plus vraiment de tout ce qu’il expliquait, mais il détaillait les services disponibles en indiquant s’ils étaient compris ou non dans le tarif de réservation (il me reste juste en tête ses mémorables « you have to pay for it! »).
Le sauna faisait partie des services compris, mais semblait peu accueillant au premier abord. Il était en effet situé au fin fond de la cave de la guitoune de la réception. Cela ne nous a pas empêché de nous y rendre à l’occasion, pour décompresser après une longue journée de marche.
Ou longue journée tout court, d’ailleurs. Il faut savoir que fin avril, en Laponie suédoise, le soleil se lève vers 4h (et se couche après 21h).
Comme je l’avais évoqué ici, la Suède n’est pas particulièrement reconnue pour l’étanchéité de ses volets. Donc à 4h, dans la chambre, il faisait jour.
Soit, c’est une habitude à prendre, un peu difficile tout de même.
Kiruna est une ville qui reflète l’industrie minière, elle s’est développée à partir du XXème siècle suite à la découverte d’un gisement de fer dans la montagne qui la surplombe. Ce gisement continue aujourd’hui d’être exploité à grande échelle, dans la partie ouest de la ville2.
Cette mine, bien qu’en activité, accueille des visiteurs tout au long de la journée. L’accès s’y fait uniquement par autobus, au départ de la place de l’hôtel de ville, qui rejoint le cœur de la montagne en s’engouffrant dans les tunnels qui y sont creusés.
À l’intérieur, une visite guidée nous permet de découvrir l’histoire de la mine (et de la ville), de la découverte du premier gisement à l’industrie actuelle, et sont présentés des minerais ainsi que les engins colossaux qui ont permis de creuser la mise.
Et comme nous sommes en Suède, la visite comprend aussi une pause fika, une cabane aménagée au centre de la mine proposant boissons chaudes et petits gâteaux.
Peu de choses à voir en ville en dehors de la mine, mais on notera tout de même l’église un peu particulière, toute en bois et recouverte de peinture rouge, avec une forme inhabituelle.
L’apogée de notre voyage se situait dans les parcs naturels aux alentours. Le premier fut le parc national d’Abisko, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kiruna, vers la frontière norvégienne.
Nous prîmes pour cela la voiture, et plus nous avancions vers le nord, plus le temps se gâtait.
Arrivés au niveau du parc, au vu de toute la neige qui tombait, nous avons décidé de continuer notre route plutôt que de nous arrêter, la promenade n’aurait pas été très agréable.
La route que nous suivions menait à Närvik, ville portuaire de Norvège.
Mais lorsque nous avons atteint la frontière, nous étions carrément sous une tempête de neige. Nous avons jugé inutile de continuer de rouler vers la côte et avons préféré faire demi-tour pour revenir à Abisko.
Et à notre grand bonheur, la météo s’était améliorée entre-temps, les chutes de neige dissipées. Nous avons alors pu partir à la découverte de ces grandes étendues enneigées, ses rivières gelées, ses parois rocheuses.
Deux jours plus tard, c’est au parc de Muddus que nous nous sommes rendus, au sud. Nous y avons marché dans la bonne neige d’avril, au milieu des pins. Il y avait pas loin d’un mètre de neige sous nos pieds, fragilisée par les rayons du soleil. Tellement fragile que nous nous enfoncions régulièrement jusqu’aux genoux en essayant d’avancer. Chaque pas relevait d’un nouveau défi.
Sur la route du retour, en voiture, nous avons eu l’occasion d’être suivis par un troupeau de rennes domestiques ma foi fort sympathiques.
L’excursion au Nord se terminait le vendredi après-midi, et nous reprenions ensuite l’avion pour Stockholm.
Au Nord, c'étaient les élans
Ou pas.
J’aurais aimé croiser des élans, c’était un de mes rêves les plus chers.
Mais non, aucune rencontre de la sorte en Laponie.
En octobre, j’avais cru en apercevoir depuis le bus en rentrant de Stockholm, mais je pense que ce n’était qu’une illusion. Je ne pouvais plus continuer comme ça, il me fallait forcer le destin…
Au retour, nous avions plus de temps à passer à Stockholm puisque nous y étions du vendredi soir jusqu’au dimanche matin, soit plus d’une journée complète. C’est pourquoi, le samedi, nous nous somme rendus à Skansen, le parc animalier situé sur l’île de Djurgården.
Nous avons cherché, tourné jusqu’à les trouver et ce ne fut pas facile, mais nous y sommes arrivés !
C’est ainsi que j’ai pu faire la rencontre de mes premiers élans, je suis encore très ému rien qu’à y repenser.
Un peu de déception aussi tout de même, parce qu’ils n’avaient pas de bois.
À Stockholm le soleil se lève bien plus tard qu’à Kiruna, pourtant, lors de notre dernière nuit, nous avons encore une fois été réveillés par la lumière. Plusieurs fois.
Il ne s’agissait pas du soleil, mais simplement d’un groupe de personnes qui ne voyaient pas de problème à allumer le plafonnier pour venir s’installer dans la chambre au beau milieu de la nuit.
Mon ami repartait en bus très tôt le lendemain matin, nous avons alors pu nous venger en allumant nous aussi la lumière.
Je l’ai accompagné jusqu’à son bus puis suis retourné me coucher, je ne partais pour ma part qu’en fin de matinée. J’avais en effet préféré opter pour un bus direct vers Linköping, sans passage par Nyköping comme à l’aller.
Quelques heures plus tard, je quittais une nouvelle fois Stockholm et je rentrais fêter Pâques dans ma chambre face à mon PC. De plus, un peu de bricolage m’attendait.
À la fin du voyage en Laponie, mon appareil photo m’avait échappé des mains alors qu’il était allumé (pendant que j’essayais d’enfiler la sangle autour de mon poignet, c’est un comble), cela avait eu pour effet de tordre l’objectif, ce qui empêchait alors l’appareil de s’allumer correctement.
Voulant tenter de le redresser, j’ai entrepris de le démonter une fois rentré chez moi à Linköping.
Je ne sais pas trop ce que j’espérais pouvoir y faire, mais toujours est-il qu’à peine démonté, j’ai malencontreusement posé le pouce là où il ne fallait pas.
Vu la décharge que je me suis prise et la brûlure que j’avais ensuite au pouce, je pense qu’il s’agissait du condensateur du flash. Mais c’est l’appareil photo qui a eu le plus mal, il ne s’en est jamais réveillé.
Après la visite du nord du pays, il me hâtait d’en découvrir le sud. Le voyage était lui aussi prévu, au mois de juin, et sera décrit dans le prochain billet.
Vous l’aurez compris, je n’avais plus d’appareil photo à l’issue de ces vacances pascales. Mais rassurez-vous, cela n’entravera pas le contenu des billets suivants, j’ai pu avoir du renfort.